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« Better Man » : le biopic musical de Robbie Williams en singe savant

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« Better Man » : le biopic musical de Robbie Williams en singe savant@Capture Youtube

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« Better Man » : le biopic musical de Robbie Williams en singe savant

Daniel O'Brien, University of Essex

Sorti en salles le 22 janvier 2025, Better Man, le biopic basé sur la vie de Robbie Williams questionne la célébrité en représentant l’artiste sous la forme d’un chimpanzé. Un choix apparemment étrange, qui se révèle très efficace.


Je me souviens encore des sentiments mêlés qui m’habitaient, adolescent en 1997, en achetant Life Thru A Lens, mon premier album de Robbie Williams. J’hésitais, craignant qu’il soit trop « pop » pour s’intégrer dans ma modeste mais grandissante collection de CD d’artistes qui, plus tard, incarneraient la vague Britpop.

Pourtant, l’irrévérence assumée de l’album, mêlée à des moments de vulnérabilité, en faisait quelque chose que je me sentais à l’aise d’intégrer à la bande-son de ma vie d’adolescent. Ces souvenirs me sont revenus en regardant Better Man (2024), le nouveau biopic musical de Michael Gracey. Ce film retrace le parcours de Robbie Williams vers la gloire, tout en explorant sa quête d’authenticité et son sentiment d’inadaptation en tant qu’artiste et individu.

Le chanteur-compositeur est présent tout au long du film, mais hors écran, en tant que narrateur guidant les spectateurs à travers son histoire : son enfance à Stoke-on-Trent auprès de parents divorcés, son intégration et son renvoi du groupe Take That, ses soirées débridées, sa brève idylle avec Nicole Appleton, et sa carrière solo. Le récit, parfois brutalement honnête, n’épargne personne, pas même Robbie Williams.

Les thèmes principaux du film – l’insécurité, la quête d’authenticité et le désir d’acceptation – s’entrelacent tout au long du récit. Comme l’explique Robbie Williams :

« Robbie est devenu un personnage, une façade derrière laquelle je pouvais me cacher. »

Cette phrase offre une clé de compréhension de l’étonnant choix visuel du réalisateur : représenter Williams sous la forme d’un singe en images de synthèse. En effet, l’acteur Jonno Davies, qui interprète le rôle, apparaît sous la forme d’un chimpanzé numérique qui chante, danse et parle.

Cette stylisation passe inaperçue aux yeux des autres personnages humains de Better Man. Le film ne cherche pas à adopter un ton de science-fiction comme, par exemple, dans La Planète des singes : Suprématie (2017). Et contre toute attente, c’est pour cette raison précise que le film utilise les effets numériques de manière plus subtile et efficace.

Ces effets visuels rappellent au spectateur l’artificialité inhérente à l’industrie musicale et les ravages que peut provoquer une identité fabriquée – notamment chez les artistes qui n’ont que peu de contrôle sur celle-ci. Ce choix esthétique a été inspiré par la description que Williams a donnée de lui-même comme d’un « singe de spectacle ».

On pourrait également y voir un clin d’œil aux articles de 2008, qui rapportaient que Williams se promenait à Los Angeles déguisé en gorille après une période de repli sur lui-même. À l’instar de ce costume ou même du groupe virtuel Gorillaz de Damon Albarn, l’avatar du chimpanzé incarne un rôle liminal : l’artiste est à la fois présent et absent. C’est un thème que le film s’efforce d’explorer à la fois dans son contenu et sa forme, souligné par la narration hors champ de l’artiste.

Cette construction fragmentée et axée sur le divertissement de l’identité prolonge les thèmes explorés dans The Greatest Showman (2017), également réalisé par Gracey. Better Man, cependant, aspire (du moins dans son scénario) à un réalisme plus brut, avec un langage explicite dès les premières scènes. Ce n’est pas un film destiné aux plus jeunes fans qui ne connaissent peut-être Robbie Williams qu’à travers une autre créature animale, dans Le tigre qui s’invita pour le thé (2019), l’adaptation de Robin Shaw où le chanteur interprète la chanson principale.

Ce qui m’a particulièrement captivé dans ce film, c’est l’honnêteté et la banalité de Williams. Il ne prétend pas être exceptionnellement talentueux, mais plutôt être quelqu’un dont la célébrité initiale repose sur son personnage espiègle, souvent présenté comme un mécanisme d’adaptation face au rejet.

Le film montre que son besoin d’attention résulte en partie de l’absence occasionnelle de son père, Pete Conway (interprété par Steve Pemberton), un artiste raté qui vit pour la scène sans jamais avoir percé. Le jeune singe se retrouve à méditer sur le mantra de son père : « Tu es quelqu’un ou tu n’es personne », ce qui donne lieu à des moments tendres avec sa grand-mère Betty (Alison Steadman), dépeinte comme l’une des relations les plus positives de sa jeunesse.

Les images de Williams et Betty, assis ensemble sur le canapé, illuminés par la lueur de la télévision qui diffuse The Two Ronnies, apportent au film une touche de nostalgie. Mais la vénération malsaine et irréaliste qui accompagne la célébrité mondiale est également présentée comme une expérience destructrice, précédant l’addiction aux drogues et l’isolement de la star.

Ces thèmes sont loin des conventions habituelles des comédies musicales. Les personnages se mettent à chanter spontanément (sur des morceaux de Take That ou de Robbie Williams), en alternance avec des scènes centrées sur des répétitions et des concerts, nous rappelant la réalité construite de la vie de pop star.

La force du film réside dans sa capacité à montrer le vernis d’un succès stratosphérique qui masque l’insécurité humaine juste en dessous de la surface, incarnée par le modèle de singe inspiré à la fois des traits de Robbie Williams et de Jonno Davies. Pour moi, c’est une des meilleures raisons de le voir. Mais si vous en avez besoin d’une autre, la bande-son, avec de nombreux morceaux familiers, incluant un montage spectaculaire et énergique de Rock DJ, en est une. Allez voir Better Man et laissez-vous divertir.The Conversation

Daniel O'Brien, Lecturer, Department of Literature Film and Theatre Studies, University of Essex

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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