L'affaire d'Aulnay relance le débat sur la manière dont se font les contrôles d'identité. Le Parisien a reconstitué le déroulé de l'interpellelation de Théo jeudi dernier.
L'après-midi s'étire en longueur, ce jeudi 2 février, au Cap, un centre culturel d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). A l'arrière, sur le parvis, quatre jeunes gens discutent, appuyés sur un muret. Théodore, dit Théo, 21 ans, silhouette athlétique de 1,90 m, grimpe les escaliers, remontant d'un geste machinal son pantalon de jogging bleu sombre qui glisse sur ses hanches. Ce fan de foot, sans aucun passé judiciaire, débarque de chez sa sœur. Il rejoint ses copains, ceux qu'il appelle «les jeunes du quartier» pour les saluer. Il est 16h46, à la cité de la Rose-des-Vents. Jusqu'ici tout va bien. Dans quelques secondes, tout va s'embraser.
En contrebas, rue Edgar-Degas, quatre gardiens de la paix, arrivés récemment dans la police, Marc-Antoine, Tony, Maxime et Jérémie, patrouillent dans leur voiture. Ils appartiennent à la brigade spécialisée de terrain (BST). Bien considérés, ils n'ont pas le profil de chiens fous.
«Ouais Pu Pu Pu ! ! !» Selon leur récit, voilà le cri qu'ils entendent. Ce signal, qui rebondit d'immeuble en immeuble, ils le connaissent bien : les guetteurs préviennent les dealeurs de l'arrivée des «keufs». Les fonctionnaires décident de mener un contrôle d'identité. L'un d'eux descend de voiture et se rend à pied sur le parvis pour prendre le groupe à revers, alors que ses trois collègues arrivent, de front, par les escaliers. Théo et ses amis décident de quitter tranquillement l'endroit, se retrouvant face à la patrouille, une fois tourné l'angle du mur. «J'ai compris qu'ils n'étaient pas là pour rigoler», dira plus tard Théo. Les deux groupes se jaugent, les yeux dans les yeux. Jusqu'à sentir l'haleine de l'autre...
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