« Quenelles », appel au suicide de ministres, propos anti-islam… Loin de la tentative de dédiabolisation affichée par le parti, les candidats locaux assument leurs débordements.
« Il a l’investiture… mais elle peut lui être retirée à tout moment ! », prévient Philippe Dessalle en se qualifiant lui-même de « préfet de Marine Le Pen dans la Sarthe ». Cet ancien militant du MoDem vient d’être nommé délégué départemental du Rassemblement national (RN), et il tient à son nouveau rôle de sentinelle.
Alors que la tête de liste adoubée par le RN au Mans lançait officiellement sa campagne municipale face à la presse, lundi 18 novembre, le « préfet » lepéniste en a profité pour glisser un premier avertissement : « L’ouverture, d’accord, mais il faut que ça reste une liste Rassemblement national. » Et d’ajouter, comme un gage, que lui-même y figurerait.
Derrière lui, l’affiche de campagne de Louis de Cacqueray-Valmenier présente une flamme frontiste discrète mais bien présente, aux côtés des logos du Parti chrétien démocrate (PCD) de Jean-Frédéric Poisson et du Centre national des indépendants et des paysans (CNIP), un petit mouvement passerelle entre droite et extrême droite. « Ce n’est pas une liste RN, mais une liste soutenue par plusieurs partis »,insiste Brigitte Dujardin, colistière venue du PCD. « En gros, on veut faire comme [Robert] Ménard à Béziers [Hérault] », résume le président du CNIP de la Sarthe, Paul Pierné.
Louis de Cacqueray-Valmenier, le conseiller municipal RN aujourd’hui candidat à la mairie, joue la carte du pragmatisme. Car ni la Sarthe ni Le Mans ne sont des terres de force pour l’extrême droite. En 2017, dans la ville préfecture, la candidate de l’ex-Front national (FN) avait réuni 23,53 % des voix à la présidentielle, soit 10 points sous la moyenne nationale ; la liste RN a rassemblé 16,93 % des suffrages aux européennes de mai, soit six points et demi de moins qu’au national. La fédération RN de la Sarthe avoisinerait à peine les 200 adhérents, selon le délégué départemental, moitié moins, selon un ancien cadre.
« Il faut remotiver les gens, c’est une tâche difficile… », convient Philippe Dessalle. D’autant que le parti a connu quelques crises locales, aboutissant, notamment, aux exclusions de Pascal Gannat et Pascal Nicot, deux conseillers régionaux et anciens responsables départementaux promoteurs d’une union des droites très assumée.
Ouvrir à droite
Entre carences militantes et bisbilles internes, la tête de liste RN a rapidement compris l’enjeu pour sa liste au Mans. « J’ai dit au siège : je veux bien faire une liste 100 % RN mais, dans ce cas, attendez-vous à ce qu’on ne la remplisse pas… ou qu’on passe pour des péquenauds », explique Louis de Cacqueray-Valmenier en évoquant son « grand traumatisme » de 2014 : une liste municipale FN bouclée à la dernière minute.
Lire la suite : Au Mans, les dérapages assumés des candidats du Rassemblement national
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