Pour dénicher le placement le plus rentable, mieux vaut opter pour celui qui affiche les frais de gestion les plus bas. Cependant, d’autres critères sont aussi à considérer.
Les fonds en euros garantis attirent toujours la majeure partie des sommes placées dans l’assurance-vie. Depuis le début de l’année et jusqu’à la fin du mois d’août, selon la Fédération française de l’assurance, ils ont capté 71 % des 95,2 milliards investis dans cette enveloppe. Pourtant, leurs rendements n’ont cessé de diminuer au fil du temps, pour atteindre 1,8 % en moyenne par an, soit environ 1,5 % après prélèvements sociaux, et avant d’éventuels impôts.
Tous les épargnants ne sont cependant pas logés à la même enseigne, car la moyenne des rendements cache d’importants écarts, d’un assureur à l’autre, et parfois même d’un contrat à l’autre au sein d’une même société.
Impact sur la performance
C’est ainsi que certains assurés ont pu voir, l’an dernier, leur épargne progresser de 2,80 % avec Dynavie (de Capma & Capmi, une société du Groupe Monceau), de 2,65 % au Gaipare (géré par Allianz) ou de 2,58 % avec Epargne Retraite 2 (d’ASAC-Fapes, fonds géré par Allianz). Particularité de ces trois champions de l’année 2017 : ils affichent des frais de gestion parmi les plus faibles du marché et sont pilotés soit par des mutuelles, soit par des associations d’épargnants. Dans Dynavie, par exemple, l’assureur prélève un maximum de 0,54 % par an ; au Gaipare, la facture s’élève à 0,6 % ; quant à l’ASAC-Fapes, elle affiche les frais de gestion les plus bas du marché, à 0,36 %.
Si ces frais ont un impact direct sur la performance nette attribuée aux assurés (ils sont déduits de la performance brute réalisée par l’ensemble du portefeuille), ils ne sont cependant pas la seule justification aux bonnes performances. « La faiblesse des frais permet de relever la saveur de nos performances, indique Thomas Delannoy, directeur général d’ASAC-Fapes, mais ils n’expliquent pas tout. Le moteur principal de la performance, c’est la richesse du portefeuille, dont le rendement réel est élevé, car nous incitons l’assureur à prendre des positions sur des classes d’actifs attractives. » Le poids relativement faible des encours (3,5 milliards d’euros pour l’ASAC-Fapes) permet de tirer le meilleur parti de cette diversification, puisque toute ligne d’actif plus rentable que le rendement des obligations d’Etat a un impact direct sur la performance ; là où les assureurs gérant des fonds en euros de plusieurs dizaines de milliards ont plus de mal à faire la différence.
S’il met lui aussi en avant les atouts de la diversification des actifs, Olivier Sentis, directeur général de la modeste MIF (Mutuelle d’Ivry-La Fraternelle), qui a servi 2,50 % en 2017, observe de la même manière que « l’impact des frais est désormais très sensible sur le résultat distribué aux assurés ». Pour maintenir un niveau de chargement très bas, à 0,35 %, il révèle que « la gestion financière s’effectue en interne, avec des coûts limités à 0,30 % par an. Le fait de détenir notre propre salle de marchés nous permet d’économiser 0,50 % par an sur la gestion ». A l’AFER, dont le fonds en euros pèse aujourd’hui près de 50 milliards d’euros, les frais de gestion de 0,475 % ont, là aussi, permis de limiter l’érosion des rendements, puisque le fonds en euros a progressé de 2,40 % l’an dernier.
Réserves de bénéfices
A l’inverse, rares sont les fonds ayant des frais de gestion élevés à figurer dans les meilleures places. Chez Aviva, gérant du fonds AFER, les contrats vendus par l’assureur affichent par exemple 1 % de frais de gestion annuels, ce qui s’est traduit l’an dernier par un rendement de 1,9 %. A la CNP, avec 1 % de frais de gestion également, la progression a été limitée à 1,7 % sur le fonds en euros de CNP One, un contrat récent, soit un taux inférieur à la moyenne du marché.
Au vu de ces résultats, faut-il se concentrer sur les fonds en euros aux frais de gestion les plus faibles pour miser sur l’avenir ? Les professionnels, s’ils reconnaissent l’impact direct de ces frais, invitent à la prudence, car d’autres éléments sont à prendre en compte. C’est en particulier le cas des réserves de bénéfices. Ces provisions ont été constituées par les compagnies, souvent à la demande des autorités de contrôle, afin de pouvoir faire face dans l’avenir à des chocs financiers comme une remontée forte des taux d’intérêt. En moyenne, selon le site spécialisé GoodValueforMoney.eu, les assureurs disposaient de plus de 3,35 % de rendement mis de côté à la fin de l’année 2017.
Reste une question-clé : ces réserves de bénéfices seront-elles mises à profit cette année pour augmenter les rendements et compenser l’augmentation de l’inflation ? « Non, prévient M. Sentis, car elles sont faites pour accompagner une remontée des taux, et non pour s’adapter à l’inflation. Les épargnants pourraient donc être perdants cette année, avec des rendements stables alors que l’inflation remonte. » De quoi inciter les assurés à diversifier leurs capitaux vers les supports en unités de compte, et pour ceux qui privilégient la sécurité absolue, à choisir des fonds en euros performants et comportant un niveau de frais raisonnable.
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