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Nous repoussons de plus en plus loin les images de violence, au risque parfois de la rendre inintelligible.

Regarder ou ne pas regarder les images des morts. Cliquer ou non sur la vidéo du camion qui roule dans la foule, cliquer ou non sur celle d’un tireur qui se fait exploser.

A chaque attentat, la question se repose – dans notre for intérieur, le doigt posé sur la souris ou l’écran – et dans l’espace public.

Au soir du 14 juillet, quand les images ont commencé à sortir, des images de corps, de cadavres et d’horreur, un ballet désormais rodé s’est mis en place : appels des internautes à ne pas diffuser d’images choquantes, dérapages des télés, indignations, polémiques.

Sur Twitter, un rédacteur en chef adjoint de France 2, accusé de sensationnalisme, s’est défendu en disant  : 

«  Aucune image de victime, mort ou blessé, donc aucune raison de censurer ces images.  »

Wikileaks, interpellé pour avoir diffusé une vidéo explicite jugée « dangereuse » par certains, a rétorqué  :

« Elle est dangereuse pour ceux qui veulent, à droite comme à gauche, escamoter la réalité du terrorisme. »

Faut-il nécessairement cacher les images de la violence ?

Pas de consensus

La réponse monte comme un réflexe  : « Ça ne sert à rien  » «  c’est faire le jeu de la terreur  », «  ça crée de l’émotion brute et ça ne fait pas penser  ».

Mais on peut se méfier des réponses qui montent comme un réflexe. On peut aussi lire le stimulant article du chercheur Emmanuel Taïeb dans La Vie des idées. Il y demande «  Faut-il cacher les images de violence  ?  » et pour une fois, la question n’est pas rhétorique....

En France, on cache la majorité des images de violence. On en parle beaucoup, mais on ne la montre pas tant que ça – bien moins que dans d’autres pays européens.

Dans le cas de Nice, par exemple, les journaux français qui avaient eu le temps de changer leur une montraient une photo du camion criblé de balles, tandis que des journaux étrangers n’hésitaient pas à montrer des corps sous des linceuls...

Lire la suite : Après Nice : cacher la violence, c’est aussi ne pas la comprendre

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