Aider les enfants à mieux dormir, une affaire de famille !
Erika Bocknek, Wayne State UniversityTout le monde sait que le sommeil est essentiel à la croissance des enfants ainsi qu’à leur santé mentale et physique. De bonnes habitudes de sommeil aident les enfants à consolider leur mémoire et à mieux apprendre. Un manque de sommeil contribue à la dépression infantile, à l’anxiété et même au risque de suicide, ainsi qu’à des problèmes physiques comme des risques de blessure. L’enjeu consiste donc à s’assurer que les enfants puissent bien bénéficier de ces précieux moments de repos.
En ce qui concerne les enfants, un sommeil de qualité dépend de trois composantes principales. Tout d’abord, il s’agit qu’ils dorment un nombre total d’heures suffisant – le premier critère est donc la durée du sommeil. La qualité de ce sommeil est également importante – dormir profondément, avec peu de perturbations ou de réveils au cours de la nuit, est important. Enfin, il faut tenir compte des horaires de sommeil – l’essentiel étant de privilégier la cohérence, avec une heure de coucher et une heure de lever à peu près identiques tout au long de la semaine.
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Même si l’on sait l’importance d’un bon sommeil, il est facile de perdre de vue ces enjeux de durée, d’horaires et de régularité. Cela peut venir de circonstances exceptionnelles, comme des vacances. Cela peut tenir aussi à des raisons banales, telles que des désaccords entre parents et enfants, des emplois du temps chargés ou le relâchement des enfants plus âgés pendant les week-ends. Mais il existe des moyens pour les familles de reprendre les choses en main.
En tant que chercheuse en développement de l’enfant et thérapeute familiale, j’étudie les comportements parentaux et familiaux qui créent des environnements sains pour les habitudes de sommeil des enfants. J’aide en particulier les parents à mettre en place des routines cohérentes et stimulantes. Les habitudes de sommeil s’installent très tôt, et les parents jouent un rôle important dans l’élaboration des perspectives et des attitudes des enfants. Voici les principaux conseils que je donne aux familles, quel que soit l’âge de leurs enfants.
Définir des règles familiales
Les enfants apprennent en observant. Ils sont très attentifs aux règles du groupe, qu’elles soient exprimées ou restent tacites.
Pour que tous les membres de la famille dorment correctement, la qualité du sommeil ne doit pas être une préoccupation cantonnée aux enfants, tandis que les adultes – qui sont ceux qui ont la liberté et le pouvoir – se permettraient de plaisanter de leurs propres mauvaises habitudes. Si le sommeil est perçu comme une punition, plutôt que comme un cadeau pour la santé, les enfants auront plutôt des attitudes réfractaires.
Les adultes doivent faire en sorte que le sommeil soit une priorité pour tous les membres de la famille. Montrez l’exemple. Si vous avez pris l’habitude de regarder la télévision jusqu’au petit matin, essayez de vous en défaire. Parlez positivement de ce qui concerne le sommeil. Faites attention à ce que vous dites et aux messages que vous communiquez à travers vos propres habitudes, confortant ainsi l’idée que c’est important pour la famille tout entière de dormir et de faire le plein d’énergie pour le lendemain. Ne commettez pas l’erreur de considérer l’heure du coucher comme une occasion pour les adultes de se distinguer des enfants.
Connaître les besoins de son enfant
N’oubliez pas que chaque enfant est unique. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que les conseils en matière de sommeil soient universels. Le tempérament d’un enfant joue un rôle important dans la durée, la qualité et la périodicité du sommeil dont il a besoin. Par exemple, un enfant plus fougueux peut avoir besoin de temps pour s’adapter à un horaire. Ces questions de tempérament varient peu dans le temps.
Le travail d’un parent est d’encourager les routines et de fixer les limites nécessaires, tout en restant à l’écoute des besoins propres à chacun.
Lorsque vous êtes épuisé et devez lutter avec le mauvais comportement d’un enfant, il peut être difficile de rester positif. Je vous conseille de penser cette relation et son investissement à l’échelle de la journée, en relevant ce qui se passe bien à différents moments et en vous rappelant que le développement de l’enfant est un marathon, et non un sprint. Les régressions ou autres difficultés de sommeil, comme les réveils nocturnes ou les changements dans les habitudes de sommeil, sont des occasions de remettre les choses au point et d’avancer, ce ne sont pas des punitions.
Une fois ces bases posées, il devient plus facile de prendre du recul sur le quotidien et de garder une approche optimiste en période de stress. Rappelez-vous que le changement se joue au fil du temps plus que dans des contrôles ponctuels. Après tout, des relations parents-enfants tendues peuvent entretenir les problèmes de sommeil et de comportements de jeunes enfants.
Savoir rester flexible
Dans ma pratique, je constate que les parents commettent deux erreurs courantes – mais opposées – en ce qui concerne le sommeil.
Tout d’abord, nombreux sont ceux qui abandonnent complètement les règles et les limites. C’est souvent lié au tempérament de l’enfant ou à des phénomènes d’âge. Par exemple, le pic d’agressivité comportementale qui peut survenir chez les tout-petits ou le décalage dans les horaires de sommeil qui se produit à l’adolescence peuvent amener certains parents à se désinvestir de ces enjeux.
D’autres parents deviennent rigides. Ils considèrent les conflits autour du sommeil comme une lutte pour le pouvoir que l’adulte doit gagner.
Je suis d’avis que l’équilibre est essentiel. Les parents doivent adopter une approche cohérente avec les valeurs qu’ils ont toujours défendues en matière de sommeil. Mais ils doivent aussi rester flexibles pour aider les enfants à adapter les routines à leurs propres besoins.
Par exemple, tous les enfants, quel que soit leur âge, devraient avoir une heure régulière de coucher et de lever. Cependant, les parents peuvent dialoguer avec les enfants plus âgés sur la pertinence de ces horaires ou, en fonction des réactions d’enfants plus jeunes, faire des compromis raisonnables pour tenir compte des besoins de chacun. Dans tous les cas, le message selon lequel le sommeil est important doit rester la ligne directrice.
Ne pas négliger les problèmes extérieurs qui influencent le sommeil
La recherche montre que certains problèmes du quotidien peuvent peser sur la qualité de sommeil des enfants, comme l’exposition au tabagisme passif, l’exposition à la lumière bleue des écrans et l’existence de conflits au sein du foyer. Ces facteurs sont à prendre en compte dès lors qu’on veut aider les enfants à faire de meilleures nuits.
Une bonne hygiène du sommeil est une affaire de famille. Il n’est jamais trop tard pour faire évoluer les habitudes dans le bon sens et engager chacun à prendre le repos dont il a besoin. Les habitudes de sommeil de votre enfant peuvent constituer un élément essentiel de son bien-être tout au long de sa vie.
Erika Bocknek, Associate Professor of Educational Psychology, Wayne State University
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.