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L’exercice est inévitable. Le procès d’Abdelkader Merah s’annonce malgré lui comme celui de l’examen de méthodes un peu datées des services de renseignement, même si les quelque 230 parties civiles, devant la cour d’assises spéciale, à partir de lundi 2 octobre, risquent d’y être sensibles.A cette occasion, les angles morts du concept de « loup solitaire », qualificatif employé à l’époque par Bernard Squarcini, alors patron de la direction centrale du renseignement intérieur (future DGSI), ne manqueront pas d’être rappelés. Depuis 2012, néanmoins, beaucoup de choses ont changé.

Il est ainsi intéressant de noter le temps qu’il a fallu pour que le diagnostic posé dès cette époque soit mis en œuvre. Dans la foulée de l’onde de choc de l’affaire Merah, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) rédige un rapport aujourd’hui accessible en ligne. Intitulé « Affaire Merah, réflexions et propositions », il date du 19 octobre 2012 et critique assez vertement les manquements d’alors.Y sont préconisées presque toutes les principales évolutions de l’antiterrorisme actées depuis.Mais c’est en 2014 seulement, avec l’explosion des départs de Français pour la zone irako-syrienne, que le branle-bas de combat est lancé.

Défauts d’analyse et de coordination

Un certain nombre d’enquêteurs attendus à la barre comme témoins feront peut-être état de ces changements. Hasard de l’histoire, ce rapport de l’IGPN est cosigné par Jérôme Léonnet devenu, depuis juin, le numéro deux du Conseil national du renseignement (CNR). Une structure renforcée depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, dirigée par le préfet Pierre de Bousquet de Florian, et à qui est aujourd’hui confiée la mission sensible d’améliorer la coordination entre services.

Les « failles » du suivi de Mohamed Merah, dont on a découvert après sa mort dans une vidéo retrouvée sur une clé USB gardée sur lui qu’il se revendiquait d’Al-Qaida, sont donc identifiées dès 2012. Parmi elles : les carences du renseignement local à la suite de la fusion maladroite, en 2008, des renseignements généraux (RG) et de la direction de la surveillance du territoire (DST). Depuis, l’organisation a été revue et les effectifs nettement renforcés, mais ce sera seulement d’ici à la fin de l’année qu’ils atteindront le seuil de 2 650, contre 2 000 en 2014.


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