Donald Trump Junior n’a jamais eu la prétention d’égaler son père, qu’il considère comme « un personnage totalement unique ». Mais le dernier épisode de la saga de l’ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2016 aux Etats-Unis montre qu’il tient son rang dans la lignée. Dans un nouveau tournant du scandale qui grignote chaque jour un peu plus la présidence Trump, le fils du magnat de l’immobilier a reconnu qu’il avait accepté un rendez-vous avec une avocate russe, en juin 2016, dans la perspective d’obtenir des informations dommageables pour la candidate démocrate Hillary Clinton. Informations qu’il savait émaner d’une puissance étrangère : le « gouvernement russe ».
C’est la première fois qu’un lien est formellement établi entre la conduite de la campagne de Donald Trump et une éventuelle aide russe pour combattre l’ennemi commun, Hillary Clinton. Jusqu’à présent, les sept membres de l’entourage du candidat républicain mis en cause dans les différentes enquêtes, pour avoir dissimulé ou négligé de faire état de leurs contacts avec des officiels russes, avaient assuré que ces conversations n’avaient rien à voir avec l’élection. Le 9 juillet, Donald Trump Jr. affirmait encore que son rendez-vous avec l’avocate Natalia Veselnitskaya avait pour objet de discuter des adoptions d’enfants russes aux Etats-Unis et de la levée des sanctions qui frappent la Russie depuis l’affaire Magnitski, le juriste battu à mort dans sa prison de Moscou, en 2009.
« Informations de très haut niveau et sensibles »
Mardi 11 juillet, Donald Trump Jr. a devancé les nouvelles révélations que le New York Times s’apprêtait à publier. A la stupéfaction des juristes, l’aîné du clan a lui-même posté sur son compte Twitter une série de courriels détaillant l’organisation du rendez-vous avec l’avocate russe, le 9 juin 2016. Dans un communiqué, lu par la porte-parole du président, Sarah Huckabee Sanders, hors caméra comme c’est désormais la règle aux briefings de la Maison Blanche, Donald Trump a félicité son fils, « une personne de haute qualité », pour sa « transparence ». Selon le Washington Post, il serait « furieux » de voir le nom de son fils – et donc le sien – associé à un nouvel épisode du scandale russe. Le président, qui arrive à Paris le 13 juillet, ne s’est pas montré en public depuis son retour de Hambourg.
Les courriels retracent la correspondance entre le fils Trump et le publicitaire et ancien journaliste de tabloïds britannique Rob Goldstone. Celui-ci indique agir pour le compte du chanteur Emin Agalarov, le fils du milliardaire russe du bâtiment Aras Agalarov, l’une des relations communes entre Donald Trump et Vladimir Poutine depuis l’organisation du concours de Miss Univers 2013 à Moscou ; une manifestation que le promoteur, qui l’avait cosponsorisée, espérait voir déboucher sur la construction d’un hôtel Trump dans la capitale russe.