En optant pour un retrait de l’accord de Paris sur le réchauffement climatique, les Etats-Unis s’engagent dans une procédure plus complexe et plus incertaine que ne le laissent supposer les affirmations de Donald Trump, jeudi 1er juin, dans son discours à la Maison Blanche.
- L’arrêt des financements climat
Le président américain associe la sortie de l’accord conclu à la COP21 à l’arrêt immédiat des engagements financiers sur le climat. Pour M. Trump, l’arithmétique est implacable : moins d’argent dépensé à contenir le réchauffement planétaire, c’est plus d’argent disponible pour créer des emplois et soutenir les familles américaines. Les Etats-Unis vont donc mettre fin à la contribution de l’ordre de 15 millions de dollars (13 millions d’euros) versée chaque année à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) pour en assurer le fonctionnement – soit près de 25 % de son budget. Ce trou financier devrait être comblé par la fondation de l’ancien maire de New York Michael Bloomberg, qui a proposé de débourser les 15 millions manquants.
Les Etats-Unis, qui avaient promis d’abonder le fonds vert pour le climat (mis sur pied pour aider les pays du Sud à financer leur adaptation au changement climatique) à hauteur de 3 milliards de dollars, s’en tiendront au milliard versé sous l’administration de Barack Obama. Lors des arbitrages budgétaires programmés pour l’automne, Washington devrait remettre en cause sa contribution à d’autres fonds climat et au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, dont les Etats-Unis assurent 40 % du budget depuis 1988.
- L’abandon de la contribution nationale américaine
Dans une déclaration commune en 2014, un an avant la tenue de la COP21, la Chine et les Etats-Unis avaient montré la voie en affichant des objectifs climatiques clairs. La feuille de route de Washington était alors de baisser de 26 % à 28 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2025 par rapport à 2005. Privée de cette « contribution nationale » (non contraignante à la demande expresse des négociateurs américains), la première économie mondiale navigue donc sans objectifs chiffrés de réduction de ses émissions. D’autres Etats, en revanche, s’appuient sur un document programmatique, comme la loi de transition énergétique en France.
- Une hausse des émissions de gaz à effet de serre
En dépit des propos du secrétaire d’Etat, Rex Tillerson, vendredi 2 juin, assurant que les Etats-Unis disposaient d’un « bilan fantastique en termes de réduction de [ses] propres émissions de gaz à effet de serre », le retrait américain s’apparente à un permis à exploiter davantage d’énergies fossiles et à polluer.