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Pour ravir la mairie de Perpignan qui lui a déjà échappé en 2008 et en 2014, le candidat issu du Rassemblement national compte bien s’inspirer de la dernière campagne et du bilan du maire de Béziers.

Le célèbre dicton à beau dire « jamais deux sans trois », Louis Aliot ne veut pas y croire. Après deux défaites lors des municipales de 2008 et de 2014 à Perpignan, le député Rassemblement National (RN) des Pyrénées-Orientales entend bien, cette fois-ci s’imposer dans la cité catalane de 122 000 habitants, la plus grande ville ciblée par le parti de Marine Le Pen. Pour y arriver, il peut, en tout cas, s’appuyer sur son « ami » Robert Ménard, élu maire de Béziers en 2014. Une victoire symbolique dont il compte bien s’inspirer.

C’est d’ailleurs aux côtés de l’édile biterrois que le candidat Aliot a tenu à inaugurer, vendredi 25 octobre, son QG de campagne. Des locaux situés à deux pas de l’Hôtel de Ville, à la décoration sobre, puisque seuls deux drapeaux (un français, l’autre catalan) et deux cartes de la ville ornent les murs. Aucune flamme tricolore, symbole du Rassemblement national à l’horizon. Un détail loin d’être anodin… 

En effet, pour sa troisième campagne municipale, le député des Pyrénées-Orientales a décidé de s’affranchir de son parti en ne se présentant pas sous la bannière du RN. « Je vais mener une liste d’ouverture, de rassemblement sur laquelle figureront des gens issus du RN mais pas seulement », a-t-il indiqué. Une liste composée « de profils nouveaux, reconnus à Perpignan pour ce qu’ils ont démontré dans leurs vies personnelles et professionnelles. » Comprendre des entrepreneurs, des personnes issues de la société civile ou du monde associatif…

Béziers comme modèle

Par cette stratégie, l’ancien compagnon de Marine Le Pen emboîte le pas de son « voisin » Robert Ménard. Aux municipales de 2014, l’ancien journaliste, bien que soutenu par le Front national, avait présenté une liste transpartisane. Un point sur lequel il avait largement insisté et qui, selon lui, a été la principale raison de sa victoire. « A Béziers, on a réussi à rassembler toutes les personnes du peuple de droite qui l’ont voulu. Je pense que c’est la bonne méthode, que c’est la martingale qui va nous faire gagner », assure le fondateur de Reporters sans Frontières en course pour un second mandat.

Pour parvenir à rafler la mairie de Perpignan en mars 2020, Louis Aliot cherche également à s’appuyer sur le bilan de Robert Ménard après cinq ans aux manettes de sa ville. Un bilan selon lui « honorable » que l’intéressé était invité à défendre lors d’une réunion publique, devant près de 200 militants catalans. « Je peux le dire, je gère largement mieux ma ville que mes prédécesseurs », lance-t-il à la tribune sous les applaudissements.

« Oui, je le dis ! Le revolver est le meilleur ami du policier » Robert Ménard

Sans surprise, c’est sur la « sécurité retrouvée » de sa ville que le maire de Béziers insiste le plus. « Nous avons triplé les effectifs de la police municipale », martèle-t-il. Et d’ajouter : « Oui, je le dis ! Le revolver est le meilleur ami du policier », en référence aux affiches placardées dans la ville héraultaise qui avaient suscité la polémique en 2015. Des propos, une nouvelle fois très applaudis par l’assistance.

La sécurité, justement, Louis Aliot compte bien en faire un des principaux points de son projet municipal. Pour l’ancien député européen, le premier enjeu des prochaines années est de redorer l’image de la ville. Tout un programme, qui, selon lui, passe par des mesures pour mettre fin « à la situation particulièrement dramatique en matière d’insécurité ». « Le maire actuel n’a pas le courage d’intervenir. Moi, je ferai respecter la loi ! », promet-il sans toutefois décliner de propositions concrètes.

Scrutins départementaux et régionaux de 2021

Si Robert Ménard s’emploie autant pour tenter de faire élire M. Aliot, ce n’est pas uniquement par amitié. L’ancien journaliste le dit clairement, sa venue à Perpignan a également un aspect « purement égoïste » : « J’ai besoin que Louis soit élu pour que je ne sois plus isolé à l’échelle de la région, explique-t-il. Nous devons être plusieurs pour accomplir un certain nombre de choses et montrer que nous sommes la seule alternative. »

Car, pour les deux hommes, ce ne sont pas seulement les municipales qui se joueront en mars prochain mais également les scrutins départementaux et régionaux de 2021. « Si nous arrivons à remporter plusieurs villes du département, on pourra alors envisager de gagner les départementales qui suivront », analyse le candidat à Perpignan, qui espère également voir Narbonne passer sous le giron RN.

D’autant que le député estime que pour les prochaines municipales les cartes sont totalement rebattues : « Nous avons failli gagner en 2014. Cette fois-ci le scénario n’est plus le même : Les Républicains sont dans une période très difficile et le Parti socialiste est en train de disparaître », remarque-t-il. Se dirige-t-on pour autant vers une victoire assurée de la liste « Perpignan en grand » menée par Louis Aliot ? Rien n’est moins sûr. Le candidat pourrait, une nouvelle fois, faire face à un « front républicain » au second tour, notamment au bénéfice du candidat La République en marche, Romain Grau, qui semble être, aujourd’hui, le mieux placé pour lui tenir tête. Un front républicain qui lui avait été fatal en 2014.


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