Marseille (AFP) - Comme abandonnés. Au coeur de Marseille mais si loin des emplois et des services publics, des habitants du quartier le plus pauvre de métropole se sentent laissés pour compte. Et doutent que la présidentielle y change quelque chose.
"Marseille a son Vélodrome, mais ici, les minots jouent au milieu des voitures", se lamente Laure Rovera, une comptable très investie dans la vie du 3e arrondissement de Marseille, pour lequel elle voudrait davantage d'équipements publics et de transports.
Dans cet arrondissement, plus d'un habitant sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté. Le record de France. Les rues, délabrées, sont bordées de boutiques de téléphonie discount aux vitrines criardes. A la boulangerie, la baguette coûte 50 centimes d'euro.
"Le centre-ville, c'est très beau, mais ici, il n'y a rien", se lamente Anis Chelbi, un peintre décorateur arrivé de Paris il y a trois ans. Ses deux filles ne vont ni à la piscine, ni à la bibliothèque dans l'arrondissement : il n'y en a pas.
Ce père de famille, en recherche d'un travail stable, ira voter, car "c'est important pour les petites". Il aimerait plus d'emplois et de services publics, mais ne se fait pas d'illusions : "c'est un endroit oublié (...) Il n'y aura pas de changement".
Entre gare Saint-Charles et quartiers nord, ce coin de la cité phocéenne, coupé en deux par une autoroute qui frôle les façades noircies, a logé pendant des décennies les ouvriers du port et des manufactures de tabac ou d'huile.
Ce monde a disparu et laissé place au chômage et à la misère. Les prestations sociales assurent le quart du revenu des 45.000 habitants.
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