A droite, le spectre d’une fuite vers le camp Macron

Politique

François Fillon se rend à Bordeaux ce mercredi pour l’inauguration de Droitelib, club qui vise à garder les juppéistes, alors que la «dynamique» d’En marche attire une partie des libéraux progressistes.

Un déjeuner bordelais pour sceller l’unité… Et tenter de ramener au bercail les brebis juppéistes égarées. Deux mois après leur duel à la primaire, François Fillon se rend ce mercredi sur les terres d’Alain Juppé. Si ce n’est pas une réconciliation proprement dite que l’on met en scène - ces deux-là ne s’étaient pas quittés fâchés -, il est grand temps pour le candidat LR de rassurer cette droite estampillée «libérale et progressiste». Au sein de celle-ci, pas franchement cliente du projet économique du candidat LR ou déboussolée par quelques soutiens très conservateurs, certains ont déjà commencé à se mettre en marche… mais pas dans le sens souhaité.

«En décembre, nous avons traversé une période de deuil où nous nous sentions tous orphelins. Nous avons continué à nous réunir en petits cercles et avons regardé ce qui se passait du côté d’Emmanuel Macron», raconte Anne, haut fonctionnaire parisienne de 52 ans. On l’avait croisée, en septembre, dans une réunion militante parisienne de juppéistes. Mi-janvier, elle s’est inscrite dans le comité En marche du XVe, après avoir lu Révolution, le livre de l’ex-ministre de l’Economie. «Son bouquin m’a fait basculer, j’en suis ressortie totalement conquise», s’enthousiasme celle qui apprécie chez Macron «une vision de la France pas frileuse et cette idée un peu gaullienne de rassembler les Français», qui lui avait plu chez Juppé. Pendant la campagne de la primaire, elle trouvait que Macron était «un ectoplasme sur le plan des idées, [qu’]il n’avait pas de programme». Désormais, elle explique qu’«arriver avec un catalogue de mesures est dépassé : on a des sujets tellement plus vastes à trancher que le taux de la TVA». De toute façon, Anne avait exclu d’emblée de soutenir Fillon, opposée à son «programme trop brutal qui va "casser la baraque"au sens propre du terme» et ne se sentait en rien engagée par le pacte de la primaire censée flécher d’office les électeurs du scrutin de novembre vers le vainqueur : «On s’en contrefiche de leur charte !»

Départs à bas bruit

Auprès du candidat d’En marche, ces militants qui ont roulé pour le maire de Bordeaux disent retrouver une même ligne pro-européenne assumée, une fibre centriste et une ouverture sur les sujets sociétaux. Pas franchement le profil du candidat investi par la droite. Ce sont pour l’instant des départs à bas bruit, il n’y a pas de têtes d’affiche parmi les transfuges, mais des petites mains de la campagne, et pas de militants qui déchirent leur carte du parti devant les caméras, comme l’avaient fait des sarkozystes le soir du premier tour de la primaire. D’ailleurs, beaucoup d’entre eux n’étaient pas adhérents de LR : venus pourJuppé, certains sont repartis aussi sec. Dans l’ancienne équipe de campagne, on veut croire que la grande majorité des forces serait encore dans la digestion de la défaite mais plutôt encline à suivre Fillon et que les transferts vers Macron sont à la marge. Ce n’est pas l’hémorragie mais ça commence tout de même à se voir. Réunis mercredi dernier autour de Fillon, des parlementaires ont sonné l’alerte. «La dynamique Macron, c’est une réalité», a concédé le sénateur Christophe Béchu, alors qu’un autre a prévenu : «Attention, toute la jeunesse part chez Macron.»...

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