Le déplacement de la dirigeante du RN, dimanche, visait aussi à clarifier les projets de « supergroupe » des formations nationalistes et europhobes à Strasbourg, au lendemain des élections européennes du 26 mai.
Marine Le Pen était à Bruxelles, dimanche 5 mai, pour soutenir ses amis du Vlaams Belang (VB), le parti xénophobe flamand qui espère progresser lors des élections fédérales et régionales, couplées, en Belgique, au scrutin européen du 26 mai. Engagée dans une stratégie de reconquête des électeurs qui ont rejoint, en 2014, les rangs de l’Alliance néoflamande (N-VA) de Bart De Wever, cette formation, alliée au Rassemblement national au sein du groupe Europe des nations et des libertés (ENL) du Parlement européen, entend désormais conquérir aussi les voix de francophones de Bruxelles.
Et il peut donc compter sur la présidente du RN qui a appelé tous les Bruxellois, dont les francophones, à rallier une formation qui cache désormais son programme séparatiste et antifrancophone derrière sa rhétorique contre l’immigration. « Il s’agit de maintenir cette ville comme capitale européenne, alors qu’une coalition de socialistes, d’écologistes et de salafistes y prône la théorie du grand remplacement », affirme Dominique Lootens, l’un des dirigeants du VB.
Le déplacement de la dirigeante du RN visait sans doute aussi à clarifier les projets d’édification de ce qu’elle appelle « un supergroupe » des formations nationalistes et europhobes à Strasbourg, au lendemain du 26 mai. Après diverses réunions aux quatre coins de l’Europe, les contours de cette alliance censée mener « une aventure historique » restent flous d’autant que, lors du dernier épisode en date, à savoir une rencontre, jeudi 2 mai, en Hongrie, entre le premier ministre, Viktor Orban, et le ministre italien de l’intérieur, Matteo Salvini, c’est un possible rapprochement entre l’extrême droite et le Parti populaire européen (PPE) qui a été évoqué. La participation du Fidesz, le parti de M. Orban, à la famille conservatrice a été « suspendue », ce qui ne semble pas empêcher son dirigeant de multiplier des propos qui apparaissent comme autant de provocations.
« Le programme de Wauquiez, c’est le nôtre ! »
« Si M. Orban vient vers nous, tant mieux, affirme Mme Le Pen. A lui de voir s’il préfère rester dans un parti qui vote contre lui ou s’il est en cohérence avec des mouvements comme le nôtre. » Elle se réjouit, en tout cas, que le groupe ENL joue le rôle de « force centrifuge », pouvant favoriser les divisions au sein du PPE ou du groupe des Conservateurs et réformistes (ECR), qui rassemble, lui, le parti Droit et justice polonais (PiS), les conservateurs britanniques et la NVA flamande.
La dirigeante du RN affirme, en tout cas, que M. Salvini restera à ses côtés, quelle que soit la décision éventuelle d’une fraction du PPE. « Il ne quittera pas ses alliés parce que c’est un homme droit, loyal, qui respecte ses engagements. » Ni elle ni lui ne prétendrait, en tout cas, au leadership du « très grand groupe » en gestation. « Nous respecterons l’intégrité de chacun. Nous sommes des alliés et surtout des amis, ce qui nous distingue des autres groupes », dit Mme Le Pen.
ENL rassemblera, en tout cas, outre le RN et le Vlaams Belang, la Lega italienne, l’AfD allemande, le FPö autrichien, le Parti du peuple danois, les Vrais Finlandais et des formations slovaque et estonienne, assure Mme Le Pen. Et le UKIP anglais, si le scrutin européen était finalement organisé en Grande-Bretagne ? « Son président nous a rejoints », déclare-t-elle.
Même centré sur l’Europe et la Belgique, le message dominical de l’ex-candidate à la présidence n’oubliait toutefois pas la France. Avec, en réponse à des questions sur les propos tenus récemment à Rome par Nicolas Bay, membre dirigeant du Rassemblement national, l’affirmation que son parti « ne touchera pas à la législation sur l’IVG ». Et un coup de griffe en direction des Républicains qui, dit-elle, ont copié, « coquilles comprises », le programme européen du RN. « Le programme de Laurent Wauquiez, c’est le nôtre ! Les Républicains sont des copieurs, ce sont les Chinois de la vie politique française… »
Lire la suite : A Bruxelles, Marine Le Pen en campagne avec le parti d’extrême droite flamand Vlaams Belang
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