Contre Emmanuel Macron mais pour « l’intérêt général », le président de la région Hauts-de-France, qui a pris ses distances avec Les Républicains, n’exclut pas un retour sur la scène nationale.
Le 21 juin, à Valenciennes (Nord). Au côté du président (Les Républicains, LR) du Sénat Gérard Larcher, Xavier Bertrand prend la lumière des caméras. Le président de région s’agace des questions de « petite politique » qu’on lui pose mais n’a pourtant aucun mal à évoquer en une pirouette le scénario d’un retour sur la scène nationale. « Ce matin encore, quand je suis descendu de chez moi, il n’y avait pas de manifestation avec des banderoles “Xavier, reviens”. »
A défaut de banderoles, le nom du président des Hauts-de-France, qui a délaissé les états-majors parisiens, suscite un fort assentiment au sein d’une droite déchiquetée après les élections européennes. A deux ans d’une élection présidentielle qu’il se garde d’évoquer, il engrange dans les sondages les opinions favorables, entretient une image de provincial providentiel, et savoure l’étiquette de « présidentiable » qu’on lui colle facilement à LR, même si c’est avec un peu de regret, compte-tenu des distances considérables qu’il a mises entre lui et le parti en 2017, après l’élection de Laurent Wauquiez.
« Il a une ambition présidentielle dont il ne se cache pas. S’il était chez nous ça faciliterait les choses, estime ainsi le député et président de la fédération LR du Nord Sébastien Huyghe. Quand on est candidat à l’élection présidentielle, on a besoin d’une formation politique avec des militants qui défendent les positions du candidat. Ce serait une bonne chose à la fois pour notre formation mais aussi pour lui, qu’il puisse revenir. » « Il fait partie de ceux qui ont la solidité nécessaire. A l’échelle régionale, il fait un travail énorme », souligne Valérie Létard, sénatrice (Union des démocrates et indépendants) du Nord.
La Manufacture, avant-poste de la méthode Bertrand
Fort de son capital à droite, Xavier Bertrand épure son opposition à Emmanuel Macron. Au printemps, il a balayé les rumeurs d’un ralliement à la majorité en assurant à Corse Matin qu’il refuserait « évidemment ! » de devenir premier ministre d’Emmanuel Macron. « Les gens ont compris que j’étais en opposition, que je ne rejoindrai pas Macron, justifie-t-il. Mais il n’empêche qu’il y a quelque chose qui est plus important que les positionnements d’opposition politique, l’intérêt général. C’est pour ça que, quand il le faut, je mets des idées dans le débat. »
Depuis son départ de LR, Xavier Bertrand compte ses incursions dans le débat national et s’affiche en pionnier du « bottom-up », selon une expression chère à Emmanuel Macron. Après le chèque carburant et la prime de pouvoir d’achat, deux mesures expérimentées dans les Hauts-de-France et reprises par l’Elysée pendant la crise des « gilets jaunes », il a proposé fin mars dans Le Journal du dimanche (JDD) un « contre-projet » de réforme des retraites et avancé l’idée qu’« aucune pension ne puisse être inférieure à 1 000 euros ».
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