- Chaque année, Global Footprint Network calcule le jour du dépassement mondial date à laquelle l’humanité a consommé l’ensemble des ressources naturelles que la planète peut renouveler en un an. L’an dernier, c’était le 2 août.
- Mais le think tank décline aussi l’opération pour plus de 200 pays et territoires. Et pour la France, ce jour du dépassement tombe ce samedi 5 mais, soit trois mois avant le jour mondial planétaire.
- Non seulement la France fait chuter la moyenne, mais depuis 2015, son empreinte écologique est repartie à la hausse en raison notamment de la baisse du prix du pétrole qui dope la consommation de carburant.
Ce samedi, la France entrera en déficit écologique. Dit autrement, si le monde entier vivait comme les Français, alors ce samedi 5 mai, nous aurions déjà consommé l’ensemble des ressources naturelles que la planète peut renouveler en un an. C’est bien simple, il faudrait 2,9 terres si toute l’humanité vivait comme les Français. Et si on s’intéresse strictement au territoire français, nous demandons 1,8 fois plus à la nature que ce que les écosystèmes de nos zones terrestres et marines sont en mesure de nous fournir.
Trois mois avant le jour du dépassement mondial
Chaque année, le think-tank Global Foot Print Network calcule cette date pour plus de 200 pays et territoire et communique généralement sur le « Jour du dépassement mondial », journée à partir de laquelle l’humanité vit à crédit sur Terre. C’était le 2 août l’an dernier, fin septembre en 1997, le 5 novembre en 1985… Et pour rappel, avant 1970, la balance biocapacité de la planète versus empreinte écologique de l’humanité était chaque année excédentaire.
La France, qui entre donc en déficit écologique trois mois avant le Jour du dépassement planétaire, contribue à faire chuter la moyenne et faire que cette date intervient chaque année plus tôt dans le calendrier. Cela fait tache pour un pays qui a poussé à la signature de l’Accord de Paris sur le climat et qui prétend au leadership en matière de lutte contre le changement climatique. Ce que ne manque pas de pointer WWF France, partenaire de Global Footprint Network, qui choisit cette année de mettre l’accent sur cet autre déficit de la France.
L’ONG veut envoyer un signal fort à un moment politique clef où plusieurs lois et décisions sont attendues sur l’alimentation, les mobilités, l’énergie ou la biodiversité ou encore la lutte contre la déforestation importée », précise-t-elle. Autant de domaines par lesquels, en se montrant suffisamment ambitieux, la France pourrait réduire son empreinte écologique.
Pas le bonnet d’âne mais pas glorieux pour autant
Certes, des pays font bien pire que nous. Au Qatar, le jour du dépassement tombe ainsi le 9 février. Aux États-Unis le 14 mars et au Canada quelques jours après, le 17. Nous faisons mieux aussi que la Suède (3 avril), la Russie (20 avril)… Mais la France reste malgré tout dans le peloton de tête des pays européens déficitaires le plus tôt dans l’année aux côtés de l’Allemagne (1er mai), du Royaume-Uni (7 mai). L’Espagne (10 juin) et le Portugal (15 juin) font bien mieux. Et que dire de la Colombie (16 novembre), du Maroc (16 décembre) ou du Vietnam (20 décembre).
Plus dérangeant, l’empreinte écologique de la France est sur une mauvaise pente, pointent WWF et Global Footprint Network. Six catégories de demandes sont prises en compte pour ce calcul.
- L’empreinte cultures désigne la demande en terre nécessaire à la production de l’alimentation et des fibres destinées à la consommation humaine, des aliments pour animaux etc.
- L’empreinte pâturage désigne la demande en prairies nécessaires à l’élevage du bétail procurant la viande, le lait, le cuir et les produits laineux.
- L’empreinte zones de pêches désigne la demande en écosystèmes aquatiques marins et intérieurs nécessaires à l’obtention de la production primaire annuelle assurant les prises de produits marins et dulcicoles (vivant en eaux douces).
- L’empreinte produits forestiers désigne la demande en forêt fournissant le bois de chauffage, la pâte à papier et les produits dérivés du bois.
- L’empreinte espaces bâtis désigne les zones biologiquement productives recouvertes par des infrastructures (logements, structures industrielles, infrastructures de transport).
- L’empreinte carbone désigne les émissions de carbones issues de la combustion des énergies fossiles (pour les transports, le chauffage etc) et la production de ciment. Elle est évaluée en termes de surfaces forestières nécessaires pour séquestrer durablement le carbone qui n’est pas absorbé par les océans.