Pourquoi certains salariés se font-ils arrêter pour un rhume quand d'autres viennent travailler? Que se passe-t-il dans le cabinet du médecin traitant pour qu'il accorde ou non un arrêt? Autant de questions auxquelles a tenté de répondre Malakoff Médéric, acteur majeur de la protection sociale complémentaire, en interrogeant sa base de 61.000 entreprises du privé représentant 2 millions de salariés, soit la plus importante sur l'absentéisme après celle de l'assurance maladie. Voici les dix indicateurs que Le Figaro a décidé d'extraire.
? 34,1% des salariés sont absents au moins une fois dans l'année. Au cours de l'année 2016, 34,1% des salariés ont été absents au moins une fois pour maladie, un chiffre en hausse de 2 points par rapport à 2010. La moyenne de jours d'absence par salarié absent est de 35,5 jours calendaires (samedi et dimanche, compris). Pour une entreprise de 1000 salariés, ces arrêts représentent près de 43 emplois équivalents temps plein. Les femmes (37,5%) sont plus souvent absentes que les hommes (30,4%).
? 29% des salariés arrêtés le sont pour une maladie ordinaire. Presque un tiers (précisément 29%) des salariés absents est arrêté pour une maladie ordinaire ne nécessitant pas plus de 1 à 3 jours d'arrêts. Viennent ensuite, au coude à coude, les arrêts pour troubles musculosquelettiques (18%) et pour risques psychosociaux (17%), c'est-à-dire le «burn-out». Seuls 4% des absents sont en arrêt pour maladie grave et 3% pour maladie chronique.
? 20% des arrêts de travail prescrits en 2016 n'ont pas été suivis. 7% des arrêts ont été pris, mais pas en totalité, et 12% n'ont pas été pris du tout. Pour expliquer ce refus, 48% des salariés interrogés invoquent «qu'ils n'ont pas l'habitude de se laisser aller», 29% des raisons financières, 23% la crainte d'avoir une charge de travail trop importante à leur retour, 22% la pression hiérarchique et 20% déclarent qu'il leur semblait impossible de déléguer leurs tâches.
? 73% des arrêts sont prescrits par le médecin traitant. Les arrêts maladie sont en majorité prescrits par le médecin traitant (73%) à la suite d'un échange sur la situation personnelle ou professionnelle du patient (79%). En outre, 73% des médecins généralistes déclarent orienter parfois un patient vers un médecin du travail, notamment lorsqu'ils ont un doute sur la durée de l'arrêt (68%), lorsqu'ils veulent échanger sur l'adaptation du poste de travail (68%), lorsqu'ils suspectent une maladie liée au travail (75%) ou lorsqu'ils souhaitent faciliter le retour à l'emploi du salarié (75%).
? Les 30-39 ans sont les plus absents. De façon contre-intuitive, ce ne sont pas les plus âgés qui sont les plus absents mais la tranche d'âge intermédiaire, 30-39 ans: 37,8% d'entre eux ont en effet pris au moins un arrêt de travail dans l'année, contre 34,3% des 40-49 ans et 36,1% des plus de 50 ans. Un phénomène qui peut trouver trois explications. Primo, si le baromètre exclu les congés maternité qui ne sont pas à proprement parler des arrêts maladie, il prend en revanche en compte les congés pathologiques de grossesse qui sont surreprésentés dans cette tranche d'âge. Secundo, «cette tranche d'âge est celle où les pressions professionnelles et les charges de famille sont les plus fortes», note Anne-Sophie Godon, directrice Innovation, études et veille chez Malakoff Médéric. Tertio, l'écart peut aussi s'expliquer par une dégradation du lien d'attachement à l'entreprise dans les générations les plus jeunes. D'ailleurs, si les moins de 30 ans ont logiquement le taux d'absence le plus bas, ils sont quand même 28,5% à prendre au moins un arrêt de travail dans l'année.
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