Couac gouvernemental autour des impôts. La taxe d'habitation supprimée pour être remplacée par un nouvel impôt? Pendant quelques heures, hier, le doute a plané. Invitée sur le plateau de l'émission «Question d'info», la ministre rattachée au ministère de l'Intérieur, Jacqueline Gourault a annoncé que la taxe d'habitation, qui devrait être supprimée pour tous à l'horizon 2020, sera remplacée par un nouvel «impôt plus juste», avant de faire marche arrière dans la soirée. Ce matin, sur BFMTV, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, est venu clarifier la situation. «On ne supprime pas un impôt pour en rétablir un autre, c'est un principe fondamental. On ne prend pas dans la poche des Français ce qu'on vient de leur donner de l'autre main. Il n'y aura pas de nouvel impôt en France pendant le quinquennat, ni d'augmentation de TVA ou des taxes locales», a affirmé Bruno le Maire en expliquant que Jacqueline Gourault a sûrement été «mal comprise».
Hier, cette dernière expliquait qu'avec la disparition de la taxe d'habitation, «il y aura bien évidemment besoin de ressources pour les collectivités locales». «Il faut parler de réforme fiscale et d'impôt plus juste», avait déclaré Jacqueline Gourault, sans toutefois donner de calendrier précis pour la mise en place de la mesure. «Ça doit s'emboîter (avec) la fin de la taxe d'habitation», avait-elle simplement fait savoir. Dans la soirée, la ministre avait toutefois rétropédalé, en indiquant sur Twitter que la taxe d'habitation ne serait «pas remplacée par un autre impôt». «La fiscalité locale sera entièrement repensée», avait-elle souligné.
Selon Bruno Le Maire, la suppression totale de la taxe d'habitation, qui devrait prolonger la suppression d'ores et déjà votée de cet impôt pour 80% des Français d'ici 2020, devrait coûter «près de 20 milliards d'euros», soit deux fois plus que la réforme d'ores et déjà entérinée. Les 80% actuels «sont financés sur le budget de l'Etat, qui compense à l'euro près pour les collectivités locales la perte de recettes fiscales», a souligné le ministre, ajoutant que l'Etat trouverait pour le reste des solutions, sans créer de nouvelle taxe.
«Le président de la République avait lui-même indiqué il y a quelques mois qu'on pouvait envisager d'attribuer une part de recettes déjà existantes, par exemple une part de la CSG», au financement de cette mesure, a-t-il souligné. Dans le budget pour 2018, le gouvernement a entamé la suppression par étapes de la taxe d'habitation pour 80% des ménages à l'horizon 2020. Fin décembre, en promulguant le texte, le président Emmanuel Macron a exprimé son souhait d'abandonner cet impôt pour la totalité des Français dans les mêmes délais.