Après dix ans d'enquête et beaucoup de ratés, le procès du groupe de Tarnac ouvre à Paris ce mardi : huit militants libertaires comparaissent ce mardi, dix ans plus tard, pour la dégradation d'une ligne ferroviaire et des manifestations violentes. Les accusés réfutent en bloc, et dénoncent un procès politique.
Parmi les prévenus renvoyés devant le tribunal correctionnel de Paris, Julien Coupat, 43 ans, présenté comme le théoricien du groupe, son ex-compagne Yildune Lévy, 34 ans, Elsa Hauck, 33 ans, et Bertrand Deveaud, 31 ans. Poursuivis pour « association de malfaiteurs », ils encourent dix ans de prison. La justice leur reproche d'avoir, sur le fondement d'une idéologie développée dans un livre qui leur est attribué (L'insurrection qui vient), participé au sabotage d'une ligne de la SNCF à Dhuisy, en région parisienne, et organisé des actions violentes contre des intérêts de l'État, notamment le 3 novembre 2008 lors d'une manifestation à Vichy (centre).
Une « fiction politique, policière, puis judiciaire et médiatique »
Mais ce procès sera aussi celui de l'enquête, car la défense dénonce une instrumentalisation du dossier par le pouvoir et conteste certaines méthodes des enquêteurs. Premier fiasco, en 2017, après neuf ans de bataille judiciaire, de polémiques et le dessaisissement du juge chargé de l'enquête, la Cour de cassation avait abandonné la qualification terroriste.
Lundi, Yildune Lévy a ainsi expliqué sur France Inter vouloir dénoncer à l'audience « les méthodes de l'antiterrorisme » vis-à-vis d'un groupe qui, selon elle, relève d'une « fiction politique, policière, puis judiciaire et médiatique ».
L'affaire avait spectaculairement débuté le 11 novembre 2008 par l'arrestation par 150 policiers cagoulés, devant les caméras de télévision, d'une dizaine de membres de cette communauté installée à Tarnac, petit village de la Corrère (sud-ouest de la France) qui est depuis longtemps un lieu d'attraction pour les militants politiques. La ministre de l'Intérieur de l'époque, Michèle Alliot-Marie, salue alors l'interpellation de membres de « l'ultra-gauche, mouvance anarcho-autonome, en lien avec les sabotages » et le procureur de la République Jean-Claude Marin décrit « une cellule invisible » ayant pour objet « la lutte armée ».
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