L'avenir de Bachar Al-Assad est-il menacé après la frappe américaine contre des infrastructures militaires syriennes ? Donald Trump a lancé cette attaque, dans la nuit du jeudi 6 au vendredi 7avril, alors que la Maison Blanche avait indiqué, une semaine auparavant, que le départ du président syrien n'était pas une priorité. Elle précisait se concentrer, en Irak et en Syrie, sur la lutte contre le terrorisme et contre l'organisation Etat islamique, rapportait le New York Times (en anglais).
"Enfin, l'impunité de Bachar Al-Assad est finie (...) Il ne peut pas continuer à utiliser des armes chimiques sans conséquences", s'est félicité Assaad Al-Achi, directeur de l'ONG Baytna Syria basée en Turquie. Un avis partagé par nombre d'opposants. Pour Mohammad Allouche, membre du Haut comité des négociations, il faut faire davantage : "Frapper un seul aéroport n'est pas suffisant (...). Le monde entier doit aider à sauver le peuple syrien des griffes de l'assassin Bachar [Al-Assad] et de ses acolytes."
Mais le régime de Damas a communiqué en campant sur ses positions. Il a condamné des frappes "idiotes" et "irresponsables". Il a ajouté qu'elles étaient fondées sur des informations erronées, restant sur sa ligne de défense : nier toute responsabilité dans l'attaque chimique menée contre la ville de Khan Cheikhoun. Franceinfo explique pourquoi l'initiative américaine ne risque pas, pour l'instant, de déstabiliser le président syrien.
Parce que Donald Trump a d'abord ordonné ces frappes pour lui
"Avec ces frappes, on est dans le cosmétique", tranche auprès de franceinfo Frédéric Pichon, spécialiste de la Syrie et chercheur à l'université de Tours, faisant valoir que les Russes étaient informés de l'offensive et que le Kremlin a laissé faire. "Je ne crois pas qu'on puisse parler de tournant puisque, militairement, cela reste un événement mineur", a commenté sur franceinfo Michel Goya, ancien militaire et spécialiste des questions de défense.
"C'est peut-être une manière d'adresser un message aux Russes pour leur dire de mieux tenir leur allié syrien, de mieux le contrôler", avance Frédéric Pichon, sans trop y croire.
Le chercheur pense plutôt qu'avec ces frappes, Donald Trump a davantage voulu envoyer un message aux Américains qu'à Bachar Al-Assad. "Il y a beaucoup de politique intérieure là-dedans. Il était en difficulté depuis son arrivée au pouvoir, il était accusé de collusion avec la Russie. Il ne faut pas non plus oublier qu'il a ordonné ces frappes alors même qu'il était en rendez-vous avec le président chinois". "Donald Trump a voulu montrer les muscles", résume-t-il.
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