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Sur les réseaux sociaux, certains postent des trucs (photos, mots, articles) uniquement pour séduire. Une vielle histoire qui s'écrit différemment.

Depuis qu'elle est tombée amoureuse, la grande tante d'une amie est hyperactive sur Facebook. C'est une agitation permanente : elle inonde son réseau de posts sur ce qu'elle entend à la radio, ces activités associatives, son avis sur la primaire, les réussites de ses proches.

 

Cette octogénaire crie que sa vie est formidâââble, qu'elle est quelqu'un de remarquâââble. Mon amie sait que ce cri (immense, à la face du monde) ne s'adresse en réalité qu'à une seule personne. Son amant.

Facebook le sait : les célibataires postent de plus en plus, au fur et à mesure que se rapproche le basculement dans la vie en couple. Puis la fréquence de leurs contributions au réseau chute d'un coup.

 

Si vous regardez bien, vous trouverez vous aussi dans vos amis Facebook des excités du statut, de la photo et du bon mot. Ils sont touchants, tristes, amusants ou agaçants. C'est selon l'affection qu'on éprouve pour eux. Pour écrire cet article on en a cueilli quelques-uns.

 

Monique (tous les prénoms ont été changés), 34 ans, a dit :

 

« Ah mais oui ! Grave ! »

 

Et puis :

« Tu postes des trucs exprès parce que tu penses à une personne en particulier et que tu veux qu'elle les voit. Moi c'est souvent des trucs politiques, parce que le milieu politique est mon terrain de chasse. Ce sont soit des trucs qui font écho à une discussion (« regarde je pense comme toi »), soit de la provoc' («j'ai un avis pertinent qui n'est pas le tien »). »

 

"Taux d'échec proche du 100%"

Benoît, 30 ans, pensait que tout le monde le faisait :

« J'ai bien sûr fait ça régulièrement, avec un taux d'échec proche du 100%. En général, c'est un tweet et tu attends que la fille like, mais tout le monde like sauf elle. »

 

Zoé, trentenaire, juge en riant que deux tiers de ses posts Facebook s'inscrivent dans une stratégie de séduction. Contrairement à Benoît, elle trouve la méthode plutôt efficace.

Historienne, Fabienne Casta-Rosaz est l'auteure d’une « Histoire du flirt » chez Grasset. Au téléphone, elle s'enthousiasme. Quelle liberté ! Quelle souplesse ! Que de pouvoir déployer un tel arsenal de jeu.

« Au XIXème siècle, avec le développement de la photo, dans les familles aisées, les jeunes gens pouvaient s'envoyer une photo. Parfois, on s'envoyait aussi une mèche de cheveux...
Et pendant la première guerre mondiale, il faut imaginer l'émotion très forte que cela représentait pour un soldat, de recevoir une image ou une mèche de sa fiancée. »

Dans le même temps, l'historienne est aussi frappée par les complications et contraintes qu'induit cette grande liberté.

« Vous savez, en français soutenu, la psyché veut aussi dire le miroir. Il y a, dans cette façon de projeter son image intérieure à tout le monde, un aspect... »

 

Lire la suite - Sur les réseaux, tu t'es vu quand tu veux séduire quelqu'un ?

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