L’exécutif ne compte pas céder à la pression après une mobilisation massive dans la rue jeudi 5 décembre (plus de 800 000 manifestants, selon le ministère de l’intérieur). Un gouvernement qui renoncerait à réformer les retraites aujourd’hui exposerait la France à une réforme « très brutale » plus tard, a assuré le premier ministre, Edouard Philippe, au Journal du dimanche(JDD)le 8 décembre :
« Je suis déterminé à mener la réforme à son terme et très soucieux de le faire en respectant les gens et en répondant à leurs inquiétudes. »
M. Philippe, qui doit livrer mercredi les détails du plan visant à unifier les quarante-deux régimes de retraite actuels, promet que l’exécutif « pourra apporter des réponses extrêmement positives pour beaucoup de gens qui subissent des injustices dans le système actuel : les femmes, les agriculteurs, et ceux qui ont des parcours hachés notamment ».
Et selon lui, « si on ne fait pas une réforme profonde, sérieuse, progressive aujourd’hui, quelqu’un d’autre en fera une demain brutale, vraiment brutale ». « Je ne crois pas aux annonces magiques, dit-il encore au JDD.Mercredi, j’expliquerai, avec beaucoup de détails, le dispositif qu’on veut construire. Et je continuerai ensuite à l’expliquer. »
Emmanuel Macron et Edouard Philippe réuniront, dimanche soir à l’Elysée, les ministres concernés par le projet de réforme des retraites, a rapporté à l’Agence France-Presse (AFP) l’entourage du président, confirmant une information du Parisien. En parallèle, des réunions ministérielles autour de ce sujet se succèdent ce week-end à Matignon, avec notamment les ministres Agnès Buzyn (solidarités), Jean-Paul Delevoye (retraites) et Jean-Baptiste Djebbari (transports).
La CGT réclame le retrait de la réforme
Mais il va devoir faire face à la détermination des syndicats. « Nous tiendrons jusqu’au retrait » de la réforme des retraites, prévient dans un entretien au JDD le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, en soulignant que « si enlisement il y a, c’est le gouvernement qui l’aura décidé ».
Alors qu’une deuxième grande journée de grèves et manifestations est prévue mardi, et que certaines voix à la CGT en évoquent déjà une troisième pour jeudi, le dirigeant cégétiste estime que « la balle est dans le camp du gouvernement ».
« En 1995, au début de la première manifestation, le premier ministre, Alain Juppé, avait dit que jamais il ne retirerait son projet. Les choses évoluent vite. Et la colère est grande. Le gouvernement devrait être attentif », estime-t-il. Pour Philippe Martinez, « il n’y a rien de bon » dans le régime universel par points voulu par l’exécutif. Selon lui, il faut « conserver » le système actuel, « le meilleur du monde », et « l’améliorer ».
Et si Edouard Philippe annonçait mercredi une transition sur dix ou quinze ans entre les régimes actuels et le futur système ? « Ce sera non », répond le numéro un de la CGT. « Je ne veux pas que nos petits-enfants nous disent : “Tu as pu partir à tel âge, mais en contrepartie, tu as sacrifié ma retraite”. » Le dirigeant cégétiste souhaite que le chef du gouvernement « entende la colère », « qu’il remette les compteurs à zéro et qu’il applique vraiment l’acte II », fondé sur davantage de concertation, annoncé par Emmanuel Macron en avril dernier en réponse à la crise des « gilets jaunes ».