Besoin d'un moment de détente ? Envie d'un bon massage ? Et si un simple médicament pouvait procurer cette sensation ? Cette semaine, la science décalée s'intéresse à ces neurones particuliers chez la souris qui ne s'activent que lors des caresses. En les stimulant à l'aide d'une substance chimique, les rongeurs ont semblé prendre du plaisir. La bonne nouvelle, c'est qu'il existerait semblable structure chez l'Homme...
Le toucher est un sens plus complexe qu'il en a l'air. Qu'on se pique sur des épines ou qu'on soit caressé par la plume d’un oiseau, les sensations émanant des nerfs sont complètement différentes et même antagonistes. L'organisme sait faire la distinction car les deux situations n'activent pas les mêmes populations de neurones.
Les recherches sur la douleur étant plus simples à mener, de nombreuses études traitent de la question. En revanche, la littérature est bien plus avare en travaux portant sur la neurologie de la caresse. Pourtant, le problème mérite bien un peu d'attention aussi, car s'il ne nous explique pas comment éviter de nous faire mal, il pourrait nous faire comprendre comment se faire du bien.
Le début de la réponse pourrait venir du California Institute of Technology (Caltech). Ces chercheurs, auteurs d'une publication dans Nature, ont montré qu'il existait bien des neurones qui s'activent spécifiquement chez la souris lors de séances de caresses, mais aussi que leur simple stimulation est source de plaisir.
Des neurones spécifiques à la caresse
Chez la plupart des mammifères, l'Homme ne faisant pas exception, des caresses sur la peau ou les poils procure des sensations agréables. Chiens et chats savent réclamer ces moments de tendresse, tandis que nos cousins sociaux, des rongeurs aux primates, se lancent dans des séances de toilettage indispensables à la cohésion entre individus.
Ainsi, les souris constituent un modèle intéressant pour étudier les aspects neurobiologiques de la question. Dans une première phase de l'expérience, les animaux ont été pincés, tapotés avec le manche d'un pinceau ou caressés avec sa brosse. Simultanément, les scientifiques pouvaient observer par fluorescence, sous la peau, les populations de neurones qui s’activaient en fonction des différentes stimulations. Seules étaient marquées les cellules nerveuses relargant beaucoup de calcium, évènement nécessaire pour leur activation.
Les auteurs ont remarqué une population de neurones qui étaient stimulés spécifiquement quand le pinceau passait sur le pelage des rongeurs et qui s'éteignaient lorsqu'on pinçait la peau.
Les souris prennent du plaisir !
Dans un second temps, les chercheurs ont voulu établir si ces cellules étaient associées à des évènements plaisants. Des souris ont été génétiquement modifiées afin d'activer spécifiquement ces neurones après l'injection d'un médicament. L'opération a été menée dans une chambre bien particulière.
Ensuite, il s'agissait d'observer les endroits préférés par les souris, ceux où elles passaient le plus de temps. Le plus souvent, les animaux préféraient traîner dans la pièce où ils avaient reçu l'injection et donc où leurs neurones sensibles à la caresse s'étaient activés. Pour les scientifiques, voilà le signe que la stimulation de ces cellules est renforcée positivement. D'autres analyses du comportement suggèrent que ces cellules nerveuses, une fois activées, réduiraient les symptômes de l'anxiété. Est-ce la raison qui pousse les rongeurs à se toiletter mutuellement ?
Une pilule en guise de massage ?
Des neurones semblables ont été observés chez l'Homme. Appelées fibres C tactiles, on les retrouve dans les régions de la peau susceptibles de porter des poils (donc pas sur la paume des mains par exemple). Réagissent-elles de la même façon que chez la souris ? Si cela venait à se vérifier, on disposerait d'éléments neurologiques nouveaux expliquant le plaisir ressenti lors d'un massage ou de caresses.
Si aucune application thérapeutique n'est pour le moment envisagée, certains suggèrent déjà que de ces recherches pourraient éventuellement aboutir un traitement de l'anxiété, voire de troubles psychiatriques. D'autres en revanche se tournent plutôt vers nos animaux de compagnie. Ils y voient là l'occasion potentielle de fournir un peu d'affection à un chien qui doit supporter l'absence de ces maîtres toute une journée. Quant aux plus terre-à-terre, ils espèrent peut-être retrouver la douceur et le bien-être procuré par un massage en avalant simplement une pilule...
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