Sarah Abitbol, médaillée aux championnats du monde de patinage artistique, révèle dans une interview choc avoir été violée par son entraîneur dans les années 90, alors qu'elle n'était qu'une adolescente.
Après le monde du cinéma et de la télévision, c'est au domaine du sport de voir de braves femmes raconter leur calvaire. Cette semaine, un livre explosif sort dans les librairies : dans Un si long silence (éditions Plon), Sarah Abitbol crève l'abcès de son passé en saisissant sa plume. 10 fois championne de France de patinage artistique entre 1994 et 2003, troisième des championnats du monde en 2000, la partenaire de Stéphane Bernadis brise le silence sur ses jeunes années. Dans son livre et au cours d'un entretien accordé à L'Obs, elle raconte avoir été violée à plusieurs reprises par son entraîneur entre 1990 et 1992, alors qu'elle n'était qu'une adolescente.
"Vous me violez dans le parking, les vestiaires..."
"Ce n'est pas facile de dire à 44 ans qu'on a été violée à 15 ans. Je n'ai d'ailleurs jamais prononcé ce mot, sauf une fois devant ma psy, quatorze ans après. Aujourd'hui encore, j'ai beaucoup de mal. Je l'écris pour la première fois" commence la championne. Dans son livre, elle s'adresse directement à l'homme qui a brisé sa vie : "Vous m'avez violée (...). J'ai gardé le secret, monsieur O. Pendant deux ans, vous dites régulièrement à ma mère : 'Ce soir, je garde Sarah pour l'entraîner.' Et vous me violez dans le parking, les vestiaires et dans des recoins de la patinoire dont je ne soupçonnais même pas l'existence" écrit Sarah Abitbol.
Une libération de la parole qui a fait de l'écho, puisque le journalL'Equipe publie une grande enquête sur le milieu du patinage artistique ce mercredi, dans laquelle une autre championne, Hélène Godard, affirme avoir elle aussi été victime de violences sexuelles de la part de son entraîneur dans les années 70. Celui de Sarah Abitbol, contacté par L'Obs, n'a quant à lui pas souhaité répondre à ces accusations. Sa victime explique de son côté pourquoi elle n'a jamais porté plainte, alors que les faits sont désormais prescrits : "Je ne pouvais pas porter plainte, je voulais simplement m’en sortir. Je ne mangeais plus, je ne dormais plus. Il n’y avait pas un seul moment de la journée où je me sentais bien. J’essayais de sauver ma peau. Le fait de se taire, c’est dû à la honte. C’est horrible. Il m’a aussi dit 'c’est un secret'. Mes parents avaient déménagé de Nantes à Paris pour essayer que j’ai une carrière de haut-niveau. Comment je pouvais leur dire une chose pareille?" détaille-t-elle dans son livre. Pire : elle assure avoir pris son courage à deux mains pour alerter le ministère des Sports après avoir été médaillée... mais le monde politique a fermé les yeux, malgré l'ouverture d'un dossier. Un témoignage qui risque d'avoir de lourdes répercussions contre une culture du silence
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