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Dans sa chronique Corine Lesnes, notre correspondante à San Francisco, rend compte du rendez vous tech le plus fréquenté de l’année de la société du géant du logiciel Salesforce.

Chronique. New York a son Assemblée générale de l’ONU : chaque année, en septembre, la ville est paralysée par les embouteillages causés par les cortèges de VIP. San Francisco a l’équivalent, toutes proportions gardées : la conférence Dreamforce, qui voit un quartier entier de Downtown fermé à la circulation pour une semaine, et 170 000 participants, venus du monde entier, débouler sur la baie. Dreamforce, émanation du géant du logiciel Salesforce, premier employeur de San Francisco, est le rendez-vous tech le plus fréquenté de l’année, après le Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas.

Dreamforce est l’enfant de Marc Benioff, le PDG de Salesforce, un patron « social » doté d’une stature (1,90 m) qui en remontre à Barack Obama, comme on a pu le constater le 21 novembre. Oui, l’ancien président, excusez du peu, avait accepté de se produire à la conférence. Interrogé par Benioff, Obama a parlé de l’aggravation « extrême » des inégalités, « sous l’effet du turbocompresseur de la mondialisation et de la technologie ». Du danger pour la cohésion sociale de « l’isolement dans des silos » numériques. Et de son livre, qui n’est toujours pas prêt, sujet qui a eu d’ailleurs l’air de l’agacer. La faute à Michelle, a-t-il prétexté : ses Mémoires, Becoming (Devenir, Fayard, 2018) ont eu tellement de succès qu’il s’est senti obligé de retravailler…

Einstein Voice, l’assistant vocal

Outre Obama, Marc Benioff avait invité quelques-unes des figures de l’année, comme Megan Rapinoe, la footballeuse olympique aux cheveux roses et aux discours flamboyants sur l’égalité ; Emilia Clarke, de Game of Thrones ; Stephen Curry, le voltigeur de la NBA : tous philanthropes confirmés. Côté musique, Fleetwood Mac, en soirée, et Alicia Keys, en clôture de la keynote, l’intervention au cours de laquelle le PDG a présenté Einstein voice, l’assistant vocal qui va mettre à la retraite les centres d’appel.

Pourquoi un tel déploiement de stars pour une entreprise qui est, certes, devenue en quelques années « le numéro 1 mondial de la gestion de la relation client », mais dont personne n’attend d’étincelles publiques ? Marc Benioff dément toute ambition politique. Il entend seulement propager quelques-unes des « valeurs » en voie de disparition dans la Silicon Valley : confiance, éthique, compassion. Et il croit que ce qui est bon pour la société est bon pour le business.


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