TRIBUNE. L’école le mercredi, c’est fini ? Les dernières annonces du gouvernement et le décret du 28 juin 2017 du ministère de l’éducation nationale ont ouvert la possibilité pour les maires de décider s’ils vont conserver ou non la réforme des rythmes scolaires à la rentrée prochaine. Selon les indications du ministère, plus d’un tiers des communes reviendront vraisemblablement à la semaine de quatre jours.
Ce sont surtout les difficultés financières et organisationnelles rencontrées par les collectivités locales au cours de la mise en place de la réforme qui ont été mises au premier plan pour justifier ce tournant. Nous avons eu l’impression pendant des mois que chaque acteur a exprimé son mécontentement et que le débat sur la réforme s’est transformé en guerre des tranchées, faute de consensus sur les objectifs et sur la méthode. Finalement, dans la mise en place de la réforme comme dans son démantèlement, a-t-on réellement pris en compte l’intérêt des familles, des enfants comme de leurs parents ?
On aimerait que le revirement actuel soit fait au nom de ceux que la réforme est censée toucher en priorité, les enfants. Un seul problème : il n’y a pas eu d’évaluation de l’impact de la réforme sur la réussite éducative et le bien-être des élèves. Mis à part quelques témoignages ponctuels de parents faisant état de la fatigue de leurs enfants, personne n’a pu établir rigoureusement comment la réorganisation du temps les a affectés, faute de protocoles établis en amont, de moyens, et de temps.
Arguments chronobiologiques
Les effets d’une telle réforme tant sur les mécanismes d’acquisition des connaissances que sur les compétences sociales et émotionnelles sont susceptibles de se matérialiser sur la durée. Tout ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que, en ce qui concerne la pause du mercredi, la France était l’exception en la matière, cette coupure du milieu de semaine étant l’héritage d’un compromis historique entre l’école républicaine et l’église catholique datant de la fin du XIXe siècle.
Le passage à quatre jours et demi s’est appuyé sur des arguments chronobiologiques, mais l’expérimentation conduite en 2013 sur quatre mille villes volontaires n’a donné lieu à aucune évaluation avant sa généralisation. Pourquoi alors ne pas attendre de mesurer l’impact de la réforme de 2013 sur les enfants avant de revenir en arrière ? A croire que malgré la qualité des données disponibles en France, la culture de l’évaluation n’est pas encore au programme.