Dès l’annonce de la mort de Jacques Chirac, le président de la République a repoussé les dossiers sensibles en cours.
« Il faut laisser du temps au temps », disait François Mitterrand. Jusqu’ici adepte de la marche forcée et des réformes « menées tambour battant », Emmanuel Macron semble désormais faire sienne la maxime de l’ancien président socialiste. Instruit par la crise des « gilets jaunes », qui a fortement fragilisé le pouvoir l’hiver dernier, le chef de l’Etat a décidé de se montrer plus à l’écoute des Français, quitte à ralentir le rythme de son action.
A l’annonce de la mort de Jacques Chirac, jeudi 26 septembre, Emmanuel Macron a ainsi immédiatement annulé sa venue à Rodez, prévue quelques heures plus tard pour lancer le grand débat sur les retraites. Un moment pourtant stratégique pour la réussite du quinquennat. « Le président n’a pas hésité », assure-t-on à l’Elysée, où l’on met en avant la nécessité d’« accompagner les Français » dans un tel moment. Le débat aura finalement lieu jeudi 3 octobre, dans la même configuration que celle initialement prévue.
De même, le débat sur l’immigration, programmé lundi 30 septembre à l’Assemblée nationale, avec un discours attendu du premier ministre, Edouard Philippe, a été reporté d’une semaine, pour ne pas interférer avec les obsèques de Jacques Chirac et la journée de deuil national décrétée par le chef de l’Etat. Celui organisé au Sénat, le 2 octobre, a été repoussé au 9 octobre. Le débat sur le projet de loi bioéthique, qui devait se poursuivre lundi soir au Palais-Bourbon, a aussi été suspendu et ne devait reprendre que mardi soir.
A l’issue du sommet du G7 de Biarritz, qui s’était déroulé du 24 au 26 août, Emmanuel Macron avait déjà forcé sa nature en repoussant sa rentrée. Alors que son entourage avait évoqué une prise de parole présidentielle début septembre, pour « donner le bréviaire et le manifeste de l’acte II » du quinquennat, le chef de l’Etat avait décidé de surseoir. Objectif : profiter des bons résultats du sommet, où le président français est apparu au centre du jeu international et a obtenu des avancées sur le dossier iranien ou celui du climat. « On doit essayer de garder ce bronzage estival le plus longtemps possible », expliquait alors l’Elysée.
« Faire vivre les choses »
Ces derniers mois, ils étaient nombreux dans l’entourage présidentiel à demander au « maître des horloges » de ralentir le tempo. Non pas pour procrastiner – terme honni au sein de la Macronie – mais pour répondre au besoin exprimé par les Français de comprendre les réformes. « Il faut faire vivre les choses, les porter, les répéter, sinon le gâteau n’a plus de goût. Sous Chirac, la moindre mesure, on la faisait durer quinze jours ou trois semaines. Nous, c’est trois jours », se désole un ministre venu de la droite.
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