Chaque Français émet en moyenne 11,9 tonnes d'équivalent CO2 par personne et par an, selon le Ministère de l'environnement, soit 761 millions de tonnes au total. Pour réduire son impact écologique, il ne suffit hélas pas de changer ses ampoules ou de trier ses déchets, ce qui a un effet minime. Les solutions à adopter sont plus radicales, mais finalement pas si impossibles.
Selon une étude suédoise de l'université de Lund, avoir un enfant de moins est la meilleure façon de réduire son impact carbone. Basée sur 39 précédentes études scientifiques et rapports gouvernementaux, elle évalue les actions individuelles les plus efficaces pour réduire son empreinte carbone. Ses résultats confirment que c'est un mode de vie totalement différent qui est à envisager, car les petits gestes du quotidien, bien qu'utiles, ne jouent qu'un rôle mineur. Changer les ampoules de sa maison a par exemple huit fois moins d'impact que de se passer de viande. Mettre sa télévision écran plat en veille économise 2 kWh par an, soit environ 106 grammes de CO2 éliminé. De quoi compenser à peine 900 mètres en voiture ! Néanmoins, il est possible d'agir sans renoncer à tout ; voici quelques conseils.
Faire moins d’enfants
Avoir un enfant de moins revient à diminuer ses émissions de CO2 de 58,6 tonnes par an, d'après l'étude de l'université de Lund. « Cela équivaut à 684 adolescents qui décident de recycler systématiquement leurs déchets pendant le restant de leur vie », affirment les chercheurs. L'idée est pourtant hautement controversée, notamment car les chercheurs s'appuient pour leurs calculs sur une famille américaine, dont l'empreinte carbone par habitant est très élevée et où la natalité est relativement modérée. Néanmoins, nos mode de vie influençant le monde entier, l'impact devrait s'étendre à ceux dont la natalité progresse très vite. Certains avancent donc des mesures iconoclastes : l'écologiste Yves Cochet soutient par exemple une « allocation familiale inversée », qui diminue à chaque enfant supplémentaire.
Se passer de voiture et rouler moins vite
Propulser un véhicule de plus d'une tonne pour transporter un seul passager de 70 kilogrammes a de quoi susciter des interrogations. 70 % des salariés prennent pourtant leur voiture pour aller travailler, selon l'Insee. Certes, beaucoup n'ont pas le choix, mais même pour un trajet de moins d'un kilomètre, 58 % des Français continuent de préférer la voiture ! Les transports en commun ou le covoiturage allongent bien sûr un peu le temps de trajet, mais évitent les embouteillages et permettent de nouer des relations. Si vous tenez absolument à votre voiture, adopter une conduite plus souple et rouler moins vite permet de limiter son impact. Le passage de 90 km/h à 80 km/h sur les routes nationales réduit, par exemple, la consommation de carburant de 15 %.
Bannir les trajets en avion
Un aller-retour Paris-New York ou six allers-retours Paris-Marseille émettent une tonne de CO2e par passager, soit la consommation annuelle d'un Français pour le chauffage de son domicile ou 5.000 kilomètres en voiture. Par comparaison, six allers-retours Paris-Marseille en TGV génèrent 24 kilogrammes CO2e (40 fois moins). Dans la mesure du possible, il faut donc éviter l’avion pour ses déplacements, en préférant la vidéoconférence pour un rendez-vous professionnel ou la France pour ses vacances (on y trouve même des paysages dignes du Grand Canyon dans le Vaucluse !). Si le trajet est vraiment indispensable, prenez un vol direct, car c'est lors du décollage que les avions consomment le plus de carburant. Plusieurs compagnies dont Air France offrent aussi une compensation de ses émissions.
Adopter un régime végétarien
L'alimentation pèse un quart de l'empreinte carbone d'un Français, selon une étude de l'Ademe de 2018 prenant en compte l'ensemble de la filière (production agricole, transport de marchandises, consommation d'énergie...). Mais tout dépend de ce que l'on mange : un kilogramme de bœuf génère ainsi 16 kilogrammes CO2e, contre 6 kilogrammes CO2e pour le porc ou 0,7 kilogramme CO2e pour un kilogramme de blé dur. Selon une étude parue dans Climatic Change, passer d'un régime riche en viande (plus de 100 grammes par jour) à un régime végétarien permet de réduire son empreinte carbone de 1.198 kilogrammes CO2e/an, soit plus de 10.300 kilomètres en voiture. La consommation de viande en France est cependant en recul : d'après le Crédoc, elle a diminué de 12 % en dix ans. Mais plus pour des préoccupations de santé et de prix que par vrai souci de l'environnement.
L’alimentation pèse un quart de l’empreinte carbone d’un Français. © kyoko, Fotolia
Habiter à plusieurs
« Les foyers d'une seule personne font exploser le niveau des émissions de CO2», affirme l'institut d'études Ipsos dans une étude de 2010. Une personne seule génère ainsi un bilan carbone de 10.685 kilogrammes CO2/an, contre 5.436 kilogrammes par individu pour un foyer de trois personnes. Logique : les dépenses de chauffage et d'électricité sont largement mutualisées quand on habite à plusieurs. Le type d'habitat est lui aussi déterminant : les ménages qui habitent une maison individuelle consomment en moyenne 2,2 fois plus d’énergie que ceux habitant en immeuble (les maisons ne bénéficient pas de la chaleur dégagée par les logements voisins). L'Ademe préconise ainsi de réduire la part des maisons individuelles dans les constructions neuves au profit du petit collectif et « d'optimiser la surface des logements ». Il est tout de même possible de réduire son empreinte carbone sans déménager, notamment en isolant son logement.
Préférer le téléphone à l’email
Les ordinateurs, centres de données, équipements réseaux et autres appareils numériques pèseront 14 % des émissions des gaz à effet de serre en 2020. Un simple email génère ainsi 4 grammes de CO2, tandis qu'un message avec une photo représente l'équivalent de 500 mètres en voiture. Préférez donc les conversations par téléphone, et stockez vos données en local (par exemple sur un disque dur), plutôt que dans le cloud où vos données sont stockées à des milliers de kilomètres sur des serveurs gourmands en énergie. Travaillez de préférence sur un ordinateur portable, qui consomme deux à quatre fois moins qu'un PC de bureau.
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