À en croire les scientifiques, tous les signaux sont au rouge. Pourtant, malgré les mises en garde et les appels à l'action, face à la menace du réchauffement climatique, beaucoup restent encore les bras ballants. Un phénomène largement étudié et qui prendrait sa source dans notre cerveau.
Quelque 40 ans après son apparition, la fable de la grenouille illustre mieux que jamais la situation actuelle. On raconte qu'une grenouille trempait dans une marmite remplie d'eau. Un feu fut alors allumé sous la marmite afin d'augmenter progressivement la température de l'eau. Lorsque l'eau fut tiède, la grenouille se mit à nager avec moins de vigueur. L'eau devenant de plus en plus chaude, la grenouille commença à se sentir incommodée, mais apprit à supporter ces nouvelles conditions. Jusqu'à en mourir ébouillantée sans même s'en apercevoir. Une mésaventure qui ne serait pas arrivée à une grenouille plongée directement dans de l'eau chaude. Cette dernière s'en serait échappée d'un bond.
Selon les scientifiques, cette fable n'est autre qu'une fable. Mais elle a été plusieurs fois utilisée -- par Al Gore, notamment, dans sa Vérité qui dérange -- pour illustrer la façon dont l'humanité réagit -- ou plutôt ne réagit pas -- face au lent changement climatique en cours sur notre planète.
Le syndrome de l’autruche
Dans notre cas, les chercheurs -- le sociologue américain George Marshall, notamment -- préfèrent finalement parler de syndrome de l’autruche. Car c'est assez facilement que nous parvenons à nous convaincre que réchauffement climatique ne serait pas aussi dramatique que le prétendent les scientifiques. Notre cerveau serait formaté pour nier toute responsabilité en la matière. La menace en effet apparaît distante et intangible, invisible. Parfois, elle est même contestée. Elle échappe ainsi littéralement à nos mécanismes d'alerte.
Pas de bénéfice immédiat
Notre cerveau a également tendance à privilégier les bénéfices immédiats et certains. Alors que ceux promis pour lutter contre les dérèglements climatiques sont perçus comme lointains et incertains. Lorsqu'il est question de risques de sécheresses ou d'inondations qui surviendraient dans 50 ou 100 ans, nous pensons plus naturellement à des problèmes qui nous apparaissent plus pressants comme la baisse de notre pouvoir d'achat ou le maintien des services publics.
Pas facile pour notre cerveau d’intégrer une menace qui ne le vise pas si directement. © VSRao, Pixabay, CC0 Creative Commons
Le problème des générations futures
Ainsi, concernant le changement climatique, nous jugeons généralement que nous avons le temps d'agir. Les concentrations de gaz à effet de serre augmentent?? Les conséquences ne sont pas encore très visibles dans les prévisions météo. D'ailleurs, celles-ci restent bien difficiles à prédire justement. Il n'y a donc pas d'urgence à s'en soucier...
D'autant que quelques défauts dans nos perceptions révélés récemment par les sciences comportementales nous encouragent à l'inaction. Ce que l'on appelle le biais optimiste, par exemple, qui nous fait croire que rien de réellement grave ne peut nous arriver et que, même s'il arrive quelque chose, nous parviendrons toujours à nous en sortir.
La lassitude de l’apocalypse
D'autres enfin -- comme le psychologue norvégien Per Espen Stoknes -- évoquent un problème d'accoutumance. À force de se voir annoncer des catastrophes, notre esprit s'habitue. La peur s'estompe. Et nous finissons par ne plus être capables de nous sentir coupables et par adopter une logique d'évitement.
En conclusion, pour aider à une prise de conscience active, les chercheurs recommandent de communiquer sur des exemples positifs, à une échelle d'espace et de temps humaine. De quoi tromper la passivité naturelle de notre cerveau et encourager ainsi les changements de comportement.
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