Combien de SDF dorment dans les rues de la capitale? 2 952 exactement, répond la ville de Paris. Ce chiffre provient du recensement des sans-abri réalisé par la mairie dans la nuit du 15 au 16 février. Lors de cette opération, appelée Nuit de la solidarité, la capitale avait été subdivisée en 350 secteurs. Ces quartiers avaient été passés au peigne fin par 350 équipes constituées de trois à cinq personnes.
A la tête de chaque groupe, un travailleur social – ayant reçu une formation spécifique pour le recensement – épaulé par deux à quatre bénévoles. Entre 22 heures et 1 heure du matin, ces équipes avaient sillonné leur secteur en suivant un parcours très strict, de manière à ce que toutes les rues soient couvertes. Lors de leurs maraudes, elles avaient rencontré 2 025 personnes dormant dehors. Un chiffre auquel il faut ajouter les 200 SDF recensés par des agents SNCF dans les gares, 377 par les agents de la RATP dans les stations de métro, 49 par l’APHP aux urgences hospitalières. Des équipes spécialisées de la Ville de Paris avaient aussi compté les personnes sans domicile installées dans des tentes ou des baraques autoconstruites, dont 189 personnes dans les bois de Boulogne et de Vincennes (qui font partie du territoire parisien), ainsi que dans le Parc de la colline. Enfin, dans les parkings parisiens gérés par Vinci, ses personnels ont recensé 112 personnes sans abri.
Déclaration de Julien Denormandie: la consternation
La ville de Paris fait observer que dans cette nuit du 15 au 16 février, des places d’hébergement très provisoires avaient été mises en place dans des gymnases et des mairies d’arrondissement, dans le cadre du plan grand froid. Elle avait accueilli 672 personnes. Mais ces refuges cesseront aussitôt que la météo deviendra plus clémente.
Au final, le dispositif d’hébergement dans la capitale manque de 3 624 places si l’on s’en tient à ces statistiques.
Ces chiffres viennent bien évidemment contredire les propos de Julien Denormandie, secrétaire d’Etat à la Cohésion des territoires, qui, fin janvier, avait évalué au micro de France Inter à «une cinquantaine» le nombre «d’hommes isolés [dormant dehors] en Ile-de-France». Une déclaration qui avait semé la consternation parmi les associations de lutte contre les exclusions, et aussi parmi les Franciliens témoins au quotidien d’une précarité très diffuse dans l’espace public. Le ministre avait ensuite corrigé ses propos, précisant qu’il évoquait les personnes ayant joint le 115 ce soir-là sans obtenir d’hébergement.
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