Sexe, drogue & rap : la trinité chérie par « l’empereur du sale » Lorenzo et « l’empereur de la crasserie » Alkpote fait bien des envieux.
L’empereur du sale est rattrapé par son passé propre sur lui. Avant de s’acharner sur des six feuilles d’herbe dans des voitures tunées, Lorenzo a fait une terminale littéraire options théâtre et cinéma au lycée Bréguigny de Rennes. « Si on veut faire des projets vidéos, il faut savoir jouer un peu dedans », explique le rappeur hardcore d’un ton douceâtre dans une vieille interview qui s’est répandue sur Internet en avril 2017. Visiblement, cette année lui a été utile. Le personnage de banlieusard déjanté qu’il campe dans ses clips n’a rien à voir avec le lycéen avenant qui parle éducation enveloppé dans un caban noir et une écharpe grise.
Quel meilleur moyen de lui contester le titre de patron du sale que
I.Le géant vert
Atef Kahlaoui a tellement de surnoms qu’il aurait du mal à les compter. Né en 1981 à Paris, ce fils de plombier tunisien trouve son blase de rappeur, Alkpote, à l’âge de 15 ans « sans chercher ». Il y a quelque chose d’intuitif dans sa capacité à mettre en musique tout ce que le dictionnaire à de graveleux. L’Aigle royal de Carthage pousse l’épicurisme dans ses retranchements les plus vulgaires pour renouveler son personnage d’affreux poète. Gainzbeur ? « C’était un délire, qu’il aille se faire enc**** », répond-il. Quand on lui demande comment il préfère être appelé, le rappeur sort son grinder électrique et s’exclame : « Le légendaire géant vert ! »
À Évry, où il grandit, Atef Kahlaoui se trouve un avatar. « Je suis monsieur Tout-le-monde dans la vraie vie, comme toi, comme n’importe qui », avoue-t-il. « Alkpote c’est un personnage, une sorte de double qui voulait juste sortir de ma tête. Une sorte de Gainsbarre, tu vois? ? Je l’ai créé à mes débuts, après pas mal de réflexion et de soirées arrosées. » À 17 ans, il fonde le duo Unité 2 feu avec Katana. De mixtapes en collaborations, les deux hommes finissent par être signés par le label Néochrome, qui sort leur premier album en 2006, Haine, misère et crasse. Déjà, Alkpote se vautre joyeusement dans la fange.
Le titre «
Au sein d’un rap français à l’époque « très codifié », selon Maestro, Alkpote impose son style décomplexé. « Pour mon rap, j’ai rapidement ajouté des petits mots-clés violents qui percutent », explique l’intéressé. « J’ai ajouté un genre de violence verbale qui a tout de suite collé à mon personnage. Ça a marché, j’en suis le premier surpris encore aujourd’hui. » Sans forcer sa nature, le rappeur rencontre un certain succès. « Il n’a pas eu peur de passer pour un débile là ou d’autres faisaient attention à leurs propos », poursuit Maestro. « Ça a permis à des rappeurs de se lâcher. »
Sur sa mixtape solo de 32 titres Sucez-moi avant l’album, sortie en 2007, on trouve cinq featurings avec une autre figure de Néochrome, Seth Gueko. Si l’univers de ce dernier penchait déjà vers une forme de burlesque lubrique, « ses premiers sons étaient plus sombres », d’après Maestro. À l’évidence, leurs affinités suscitent une malsaine émulation qui les poussent à s’émanciper du sérieux corsetant encore le genre. La musique d’Alkpote et de Seth Gueko est brute et second degré, franchouillarde et métissée. « Chacun le fait à sa manière », analyse Maestro. « Seth a un côté beauf assumé, Alkpote aime les choses du terroir comme le vin et le fromage. » La France profonde côtoie celle des bas-fonds dans le texte.
Critique à l’égard de ceux qui « se comparent les bijoux, les voitures », produisant ainsi un rap « trop beau pour être vrai », Seth Gueko
Lire la suite sur Ulyces.co - Qui est vraiment l’empereur du sale du rap français ?