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Une prolongation des blocages routiers ou une pénurie de carburant affecteraient certaines activités plus sévèrement que d’autres.

Si une grève de quelques jours n’inquiète pas trop les acteurs économiques qui l’avaient anticipée, beaucoup redoutent une prolongation avec des blocages routiers ou une pénurie de carburant qui affecteraient leur activité plus sévèrement durant la période cruciale des fêtes. Etat des lieux de la situation.

  • Commerces : l’alarme déjà sonnée

Le premier jour de grève jeudi a entraîné 30 % de baisse d’activité en moyenne, selon l’Alliance du commerce, qui représente 26 000 magasins et 200 000 salariés dans le secteur de l’équipement de la personne. Elle « s’alarme des effets de la reconduction » du mouvement pour des commerces déjà mis « en péril par la permanence, depuis plus d’un an, du mouvement des gilets jaunes »

« Un deuxième coup dans la même année 2019 pourrait être mortel pour beaucoup » d’entreprises de proximité, insistait vendredi Alain Griset, président de l’Union des entreprises de proximité (U2P).

Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a affirmé dimanche qu’il recevrait « la semaine prochaine » les représentants des commerçants. « Il peut y avoir toutes sortes de mesures d’accompagnement, a-t-il assuré. Nous ne les laisserons pas tomber, et certainement pas à la veille des fêtes de Noël. »

Décembre est crucial pour les commerçants, qui réalisent durant cette période de 10 % à 20 % de leurs revenus annuels, voire plus, selon l’Alliance du commerce. Les représentants du secteur exhortent les consommateurs à faire leurs achats de Noël dans leurs magasins de proximité afin d’endiguer une fuite vers le commerce électronique.

  • Hôtellerie, tourisme : craintes d’annulations en cascade

L’Union des métiers et industries de l’hôtellerie (UMIH, principale organisation du secteur) et le Groupement national des indépendants (GNI-Synhorcat, représentant environ 15 000 établissements) ont déjà constaté sur la seule nuit de jeudi une chute des réservations de 30 % à 40 % en Ile-de-France et à Paris.

« L’annonce de la prolongation du mouvement de grève jusqu’à lundi a eu un impact immédiat avec des annulations en cascade », selon le porte-parole du GNI-Synhorcat. « On a les chocottes que le mouvement s’enlise, que l’image d’un Paris bloqué nous porte préjudice et qu’on se retrouve dans la même situation que l’an dernier. »

Le GNI-Synhorcat fait encore état d’un niveau de réservation très satisfaisant pour la seconde quinzaine de décembre. Laurent Duc, président de la branche hôtellerie de l’UMIH, est « plus négatif pour la fin de l’année », avec la crainte que les touristes étrangers, notamment, désertent l’Hexagone.

  • Alimentation : Rungis a fait des stocks

MARTIN BUREAU / AFP

Au marché de Rungis, les 1 200 grossistes comme leurs acheteurs (entre 15 000 et 20 000 par jour) avaient anticipé la grève en augmentant les stocks. Un « plan de continuité de l’activité » à titre préventif a été mis en place, avec un approvisionnement plus conséquent. Des stocks de carburants et des groupes électrogènes pourront être utilisés si besoin pour continuer à conserver les produits au froid.

Les deux semaines à venir sont « prépondérantes », en particulier pour le secteur de la volaille, à l’approche de Noël, précise une porte-parole du marché. Les grossistes réalisent 20 % à 30 % de leur chiffre d’affaires annuel en décembre. Leurs acheteurs s’inquiètent surtout d’une grève des transporteurs et d’une éventuelle pénurie de carburants qui les empêcherait de venir s’approvisionner.

Du côté des meuniers, « on a entre quinze jours et un mois de produits en stock pour nous permettre d’approvisionner », a déclaré Lionel Deloingce, président de Moulin Paul Dupuis et vice-président d’Intercéréales.

  • Carburants : pas de panique

Douze dépôts de carburant ont été bloqués jeudi, 5 vendredi, et la CGT Chimie prépare de nouvelles actions la semaine prochaine. « Le niveau des stocks dans les dépôts pétroliers est bon et ne suscite aucune inquiétude », assure toutefois le ministère de la transition écologique.

La logistique pétrolière en France repose sur un réseau de 200 dépôts. Le pays dispose en outre de stocks stratégiques. « Il n’est pas nécessaire d’effectuer un plein si l’on ne compte pas faire un usage immédiat de son véhicule », insiste le ministère.

  • Courrier, médicaments, billets : pas de difficultés

La Poste a comptabilisé seulement 1,6 % de postiers grévistes et n’a pas de difficultés particulières pour livrer les colis. Si le mouvement se poursuivait, le groupe « adapterait ses plans de transport, avec des changements d’itinéraires ou des changements de modes de transport », en privilégiant la route au train par exemple.

Les grèves ont peu d’impact pour l’heure sur le ravitaillement en médicaments, selon l’Ordre national des pharmaciens. Les grossistes répartiteurs, qui fournissent les pharmacies, disposent, en vertu de leurs obligations de service public, de quinze jours de stocks de médicaments. En cas de blocage ou de pénurie de carburants, leurs véhicules sont prioritaires.

Le risque d’assèchement des distributeurs de billets « est très faible à court terme », affirme aussi la Banque de France, les transporteurs de fonds ayant constitué des stocks de précaution. « Ce n’est que si les conditions de circulation étaient très durablement entravées que des problèmes pourraient poindre ici ou là. »


Source : Quels seraient les secteurs économiques les plus affectés par une grève durable ?


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