Faute de consensus sur les propositions du gouvernement, les surveillants des 188 établissements pénitentiaires français sont appelés au « blocage total » des prisons, dès 6 heures, lundi 22 janvier.
Lundi , le SNP-FO et l’UFAP-UNSA avançaient le chiffre de 130 à 145 établissements touchés en milieu de matinée. L’administration pénitentiaire faisait pour sa part état, à 9 h 30, de 50 prisons concernées : 15 où les agents de jour ont refusé de prendre leur service, et 35 bloquées.
A Fleury-Mérogis (Essonne), plus grande prison d’Europe avec plus de 4 300 détenus, environ 150 surveillants étaient rassemblés peu après 7 heures et bloquaient avec des barricades faites de pneus et de palettes l’accès à la prison.
Afin de reprendre « immédiatement » le dialogue et de trouver une issue à la situation, la ministre de la justice, Nicole Belloubet, recevra ce même jour, à 14 heures, « l’ensemble des organisations syndicales représentatives ». Elle appelle les surveillants « à la responsabilité de chacun afin que la sécurité et le fonctionnement des établissements pénitentiaires soient assurés ».
La ministre réaffirme également « son soutien et sa solidarité aux surveillants victimes d’agressions graves et intolérables » et dit mesurer« les difficultés et les risques auxquels ils sont confrontés à chaque déplacement qu’elle effectue, depuis son entrée en fonction, dans les centres pénitentiaires ».
Des agressions à répétition alimentent la colère des gardiens, qui jugent leur profession dangereuse, mal payée et mal considérée. C’est l’attaque de surveillants par un détenu djihadiste à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), le 11 janvier, qui a mis le feu aux poudres. Depuis, une série d’agressions dans plusieurs établissements du pays a ravivé le sentiment de ras-le-bol.
Nouvelles agressions dans le Pas-de-Calais et à Châteauroux
A la veille du blocage, la situation s’est tendue dans de nombreux établissements pénitentiaires. Un surveillant et une surveillante ont notamment été agressés avec un pied de table en fer par un détenu à la prison de Longuenesse (Pas-de-Calais). Ils ont été conduits à l’hôpital, dimanche, vers 18 h 30. « Ils ont de nombreuses contusions aux bras et sont touchés psychologiquement », a détaillé Yannick Lefebvre, du syndicat UFAP-UNSA à la prison de Longuenesse.
L’agresseur, un détenu de droit commun, a été placé en garde à vue, selon le secrétaire interrégional FO pénitentiaire Julien Martin. « On est très choqué, ça ne va faire qu’amplifier la grogne et il y aura un durcissement demain à Longuenesse, a-t-il dit. Les syndicats appellent à ne pas prendre les clefs : on peut s’attendre à ce que ce soit les policiers qui viennent gérer l’établissement. »