Dans les « Echos », le premier ministre a concédé que le gouvernement n’avait « pas assez écouté les Français ».
Le gain de 100 euros net pour les salariés gagnant le smic passera « par une hausse massive de la prime d’activité » qui sera versée « dès le 5 février pour compléter le salaire de janvier », a annoncé Edouard Philippe dans un entretien aux Echos publié dimanche 16 décembre au soir.
Cette hausse ne concernera donc pas tous les salariés au smic car la prime d’activité tient compte de l’ensemble des revenus du ménage, mais « nous allons élargir le nombre de foyers éligibles [à la prime d’activité], qui passera de 3,8 millions à 5 millions », a précisé le premier ministre.
« Cette réforme va bien au-delà des personnes qui sont juste au smic : tous les salariés célibataires sans enfant auront 100 euros de plus jusqu’à 1 560 euros net de revenus. Avec un enfant, une mère célibataire, et elles sont nombreuses sur les ronds-points, pourra percevoir la prime jusqu’à 2 000 euros de salaire. Un couple [avec] deux enfants, dont l’un gagne le smic et l’autre 1 750 euros, verra ses revenus augmenter de 200 euros ».
Tous les salariés autour du smic ne seront donc pas concernés, comme l’avait pourtant indiqué le gouvernement ces derniers jours.
« Cela peut paraître étonnant, mais 1,2 million de salariés autour du smic se trouvent dans les 30 % des foyers français les plus aisés. Notre objectif est d’accroître le pouvoir d’achat des foyers de la classe moyenne ; c’est ce qu’ont demandé les “gilets jaunes”, et dans ce contexte, prendre en compte l’ensemble des revenus ne me paraît pas scandaleux », a justifié le chef du gouvernement.
« Nous avons préféré cette solution à une baisse des cotisations salariales, qui était plus injuste et qui, à ce titre, a déjà été censurée par le Conseil constitutionnel. C’est la proposition du gouvernement, mais nous en débattrons naturellement au Parlement. »
« Des erreurs » dans la gestion de la crise
Edouard Philippe n’a pas précisé le montant de la hausse de la prime d’activité, mais s’il prend en compte la revalorisation automatique du smic en janvier (23 euros brut), elle devrait être autour de 80 euros.
Un débat sur le référendum d’initiative citoyenne
Le premier ministre a également annoncé la tenue d’un débat sur le référendum d’initiative citoyenne (RIC), une des principales revendications des « gilets jaunes ». « Je ne vois pas comment on peut être contre son principe. Le référendum peut être un bon instrument dans une démocratie, mais pas sur n’importe quel sujet ni dans n’importe quelles conditions. C’est un bon sujet du débat que nous allons organiser partout en France. Comme l’est le vote blanc », a-t-il affirmé.
Edouard Philippe a concédé que l’exécutif n’avait « pas assez écouté les Français » et « fait des erreurs » dans la gestion de la crise des « gilets jaunes ». « Je reste persuadé qu’ils veulent qu’on transforme ce pays. Je leur dis que leur impatience est la mienne. Nous allons continuer à réparer le pays en les associant davantage », a-t-il souligné.
Le premier ministre a annoncé que le déficit devrait se creuser légèrement en 2019 et atteindre 3,2 % du PIB en tenant compte des mesures prises face à la crise des « gilets jaunes ». Afin d’atténuer les conséquences pour les finances publiques de ces mesures, le gouvernement a notamment décidé de limiter la baisse du taux d’impôt sur les sociétés à celles de moins de 250 millions d’euros de chiffre d’affaires l’année prochaine. Elle sera décalée d’un an pour les autres.
« Les mesures annoncées vont coûter 10 milliards d’euros »
« Notre objectif est de tenir au maximum nos engagements [mais] nous assumons une légère augmentation du déficit du fait de l’accélération de la baisse des impôts », a indiqué le chef du gouvernement. « Mais nous faisons attention aux comptes publics, et nous prenons une série de mesures, sur les entreprises et sur les dépenses, de l’ordre de 4 milliards. Cela devrait permettre de contenir le déficit à environ 3,2 % pour 2019 », a-t-il ajouté.
Selon lui, « les mesures annoncées par le président vont coûter de l’ordre de 10 milliards d’euros ». Ces mesures vont contraindre le gouvernement à maîtriser les dépenses, a encore indiqué Edouard Philippe. « Dans le cadre de l’exécution du budget 2019, nous devrons trouver de 1 à 1,5 milliard d’euros d’économies », a-t-il déclaré en promettant de faire ce travail « avec le Parlement ».