La montée du Front national tient d'abord à un électorat de droite qui se dirige vers une droite plus extrême. Mais aujourd'hui, des personnes votant habituellement à gauche peuvent aussi choisir le parti d'extrême droite. Cette part de l'électorat n'est donc pas négligeable dans l'ascension du FN. Elle n’est d'ailleurs pas le fruit du hasard mais le résultat d’une solide stratégie.
Les ouvriers
Les ouvriers qui finissent par voter Front national ont en général un sentiment de dépit et l'impression que l’ascenseur social est enrayé. En Pays de Montbéliard, du côté de l’atelier ferrage chez Peugeot, Geoffrey Pouthier, contrôleur qualité, relève que le nom de Marine Le Pen intervient de plus en plus souvent dans les conversations. "C'est le discours dur qui séduit, ça redore un peu leur fierté, indique le salarié du constructeur automobile. Ils ne croient plus à la politique pendant quatre ans mais à la cinquième année, ils se remettent à voter pour quelqu'un."
En réalité, les ouvriers électeurs du Front ont le sentiment d'être pris en tenaille entre les milieux privilégiés à l'abri des besoins, et, plus bas qu'eux, les ouvriers immigrés. "Ils ont peur d'être déclassés, explique Florent Gougou, professeur à Sciences Po Grenoble.Ils sont sensibles au discours qui donne du sens à leurs conditions d'existence et, aujourd'hui, ce n'est pas celui de la gauche." Le Front national investit donc un terrain délaissé par la gauche, celui de la crainte du déclassement.
Les salariés des secteurs santé et social
En janvier 2017, les propositions de François Fillon sur la Sécurité sociale ont suscité la polémique et le Front national a immédiatement saisi l’occasion d’une riposte argumentée en direction de l’électorat populaire. "Dès que nous avons eu connaissance du résultat de la primaire, le programme de Fillon a été décortiqué, explique Sophie Montel, députée européenne FN et conseillère régionale de Bourgogne Franche Comté.Quand un candidat veut casser le modèle de la Sécurité sociale, il est tout à fait logique que l'on fasse part de nos propositions et que l'on démonte notre adversaire politique, c'est le jeu. Ça s'adresse à l'électorat populaire, aux classes moyennes."