Lors de votre rencontre avec Emmanuel Macron, en marge du G20, vous avez souhaité centrer les discussions sur le climat. Pour quelle raison ?
Jim Yong Kim : En tant qu’institution financière internationale, notre mission est très claire, c’est d’éradiquer l’extrême pauvreté d’ici à 2030 et de partager les fruits de la croissance. La seule solution pour y arriver est de régler le problème du changement climatique. Il affecte directement le continent africain en ce moment même, il suffit d’observer la force d’El Nino et son impact sur les cycles de sécheresses et d’inondations. C’est un sujet bien réel. La Banque mondiale est le plus grand organisme de financement des réponses climatiques dans les pays en développement, et nous intensifierons encore cet effort dans les années à venir.
Avec quels leviers d’action ?
L’urgence climatique nous impose des obligations en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation aux conséquences du réchauffement. S’agissant de la réduction des émissions, nous œuvrons pour faire baisser le prix des énergies solaire et renouvelables. L’Inde en est une bonne illustration. Le premier ministre, Narendra Modi, a fait de l’Inde le pays le plus ambitieux du monde pour l’essor de l’énergie solaire. Il a contribué à faire chuter le prix de près de 12 centimes de dollar le kilowatt/heure à 4,5 centimes. Le solaire devient très compétitif face au charbon. Nous nous concentrons en ce moment sur six pays asiatiques où nous estimons pouvoir accélérer le mouvement vers les énergies renouvelables : la Chine et l’Inde bien sûr, mais aussi le Pakistan, le Vietnam, l’Indonésie et les Philippines. S’agissant de l’adaptation, les plus gros enjeux sont localisés en Asie du Sud-Est et en Afrique. Ces régions ont besoin de routes résilientes au changement climatique, de solutions intelligentes pour l’agriculture. La bonne nouvelle,...