Le prix du baril est tombé à environ 67 dollars, sur fond d’augmentation de la production américaine. Au niveau mondial, l’appétit pour l’or noir reste fort.
C’est un paradoxe : alors que les « gilets jaunes » bloquaient, samedi 17 novembre, péages et bretelles d’autoroute afin de protester, entre autres, contre la hausse du prix de l’essence, le prix du baril, lui, ne cesse de s’effondrer. Mardi, le cours du brent tournait ainsi autour de 67 dollars (59 euros), après avoir enregistré une chute de 23 % depuis le début du mois d’octobre.
Après l’annonce de sanctions américaines contre l’Iran, en mai, rien ne semblait arrêter la hausse des cours, qui, à plusieurs reprises, ont dépassé la barre des 80 dollars. Les tradeurs estimaient que la perte de plus d’un million de barils iraniens allait durement pénaliser un marché pétrolier déjà tendu et propulser le baril autour de 90, voire 100 dollars.
Or c’est le phénomène inverse qui s’est produit. Alors que la demande reste forte, les pays pétroliers ont tous augmenté leur production en même temps, arrosant un marché qui n’en demandait pas tant. « Il y a trop de pétrole sur le marché mondial pour pouvoir supporter les récents niveaux de prix », a ainsi expliqué à l’Agence France-Presse l’analyste James Williams, de WTRG. « Ceux qui pensaient que le baril se dirigeait vers les 95 dollars ne peuvent que capituler, nous y compris », ont reconnu, dans une note, les analystes de Bank of America Merrill Lynch.
Du côté de l’offre se joue un drôle de jeu géopolitique, entre les trois maîtres de l’or noir mondial : les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et la Russie
Pourtant, au niveau global, l’appétit pour l’or noir reste très fort. Ainsi, en septembre, pour la première fois, le monde a consommé plus de 100 millions de barils par jour. Cette demande est portée par la Chine, qui utilise toujours plus d’hydrocarbures, tant pour les véhicules que pour la pétrochimie ou l’aviation. Malgré les risques de guerre commerciale avec les Etats-Unis, ce besoin chinois en pétrole va se poursuivre dans les années à venir, d’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Curieux ajustement
C’est donc du côté de l’offre que se joue un drôle de jeu géopolitique, entre les trois maîtres du pétrole mondial. Les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et la Russie ont tous accru leur production, ce qui leur a permis de profiter d’un prix élevé, mais ce qui a aussi conduit à déséquilibrer le marché.
Au début de l’été, exaspéré par les cours trop élevés, le président américain, Donald Trump, avait sommé l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), dont l’Arabie saoudite est le leader de fait, d’augmenter la production de pétrole pour faire baisser les prix. De mauvaise grâce, le royaume wahhabite avait convaincu le cartel et son allié russe de s’exécuter. Il faut dire que le locataire de la Maison Blanche a multiplié les injonctions contradictoires : d’abord, il a tout fait pour imposer un embargo sévère sur l’Iran, ce qui a fait monter les prix durant l’été. Puis il a dénoncé cette hausse, exigeant une baisse des prix de l’essence aux Etats-Unis.
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