BREAKING NEWS!!! Tous les médias télé, radio et web (lefigaro.fr compris) reprennent en boucle depuis mardi soir l'information du Canard enchaîné selon laquelle «le gouvernement réfléchit à durcir le contrôle des chômeurs». TF1 en a fait le principal titre de son JT de 20h et France 2 son deuxième sujet; quant aux radios, elles ont toutes ouvert leur antenne ce mercredi matin avec cette nouvelle de première importance. Et tous ont donné moult détails à la clé, reprenant -sans les vérifier- mot à mot les données de l'article du Palmipède. La note (non datée) a ainsi été rédigée par le directeur de cabinet de la ministre du Travail, Antoine Foucher, un «ancien cadre du Medef»; elle propose de réduire de 50% pendant deux mois (contre 20% aujourd'hui) les allocations-chômage d'un chômeur (indemnisé) qui refuserait une formation ou deux offres d'emploi raisonnables, puis de les supprimer pour la même période en cas de récidive; les chômeurs auront encore des comptes à rendre en remplissant un «rapport mensuel d'activité» de recherche d'emploi...
N'en jetez plus, l'affaire est pliée! Sauf que 'information, reprise en boucle par tout le monde, n'en est en réalité pas une. Et ce, pour au moins cinq raisons (et probablement d'autres). Primo, comme l'indique en préambule le Canard enchaîné, le gouvernement n'a jamais caché son jeu. Ce point du durcissement des contrôles et des sanctions de Pole emploi en cas de non-recherche active d'un emploi a été au cœur de la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron qui n'a de cesse, depuis qu'il a été élu, de mettre en œuvre son programme. La même polémique a d'ailleurs eu lieu en novembre lorsqu'ont fuité les résultats d'une expérimentation interne à Pôle emploi sur le contrôle effectif de la recherche d'emploi effectuée dans quatre départements, et qui sera étendue en 2018 sur l'ensemble du territoire. Beaucoup ont semblé alors découvrir la lune...
Secundo, l'exécutif cache tellement peu son jeu qu'il a demandé, pas plus tard qu'il y a moins de 15 jours aux partenaires sociaux, de justement négocier «une réforme du barème et des modalités de sanction» en cas d'absence de recherche d'emploi caractérisée dans le cadre de la réforme de l'assurance chômage. Il est donc un peu fort de café de titrer -hurler- ce mercredi matin que le gouvernement réfléchit ou veut durcir le contrôle des chômeurs. Dans le jargon journalistique, on pourrait même aller jusqu'à dire que cette information est... une non-information.
Tertio, c'est d'ailleurs le contraire qui serait une information: que le gouvernement ne réfléchisse pas à un dispositif qu'il a demandé aux syndicats de salariés et aux organisations patronales de monter. Une telle absence d'anticipation, en cas de défaillance des partenaires sociaux ou d'impossibilité pour eux de tomber d'accord sur ce point précis -ils ont accepté tous les 8, la semaine dernière, la négociation que leur proposait Muriel Pénicaud et qui démarrera le 11 janvier-, serait d'ailleurs une quasi-faute professionnelle.