En classant les candidats au scrutin des 15 et 22 mars 2020 par famille politique, le gouvernement rend la lecture des résultats plus favorable à la majorité présidentielle.
Vingt-deux nuances de couleur politique expliquées aux préfets, qui eux-mêmes devront en informer les candidats aux élections municipales des 15 et 22 mars 2020. La circulaire adressée le 10 décembre par le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, fait d’ores et déjà jaser à droite comme à gauche de l’échiquier politique, où certains y voient la traduction en actes de la volonté de la majorité présidentielle de masquer la réalité de ses résultats lors du prochain scrutin.
Explications. Comme à chaque scrutin, en sus de l’étiquetage politique déclaré par les têtes de liste et les candidats figurant sur leurs listes – les candidats n’étant pas obligés de déclarer la même étiquette politique que celle de la liste –, les préfets procèdent, « de manière discrétionnaire », à l’attribution d’une nuance politique. Celle-ci permettra, ensuite, d’agréger les résultats par grandes familles politiques, de l’extrême gauche à l’extrême droite. Un classement indispensable pour l’analyse électorale mais à manier avec précaution.
Comme à chaque scrutin, le pouvoir en place va s’efforcer de rendre la lecture des résultats de l’élection favorable, autant que faire se peut – car les marges de manœuvre restent quand même limitées –, à la majorité qui le soutient. Le phénomène n’est pas nouveau mais l’exercice prend un tour inédit depuis l’élection d’Emmanuel Macron et d’une majorité débordant des cadres politiques habituels.
Dentelle électorale
La circulaire de M. Castaner distingue, en ce qui concerne les listes présentées aux élections municipales, vingt-deux nuances – vingt-quatre pour ce qui est des nuances individuelles des candidats. Celles-ci sont regroupées en six familles : extrême gauche, gauche, divers, centre, droite, extrême droite, classifications qui seront également celles retenues dans les cahiers résultats que publiera Le Monde au lendemain de chaque tour de scrutin.
Le problème est d’établir précisément ce qui va être comptabilisé dans chaque famille. Et c’est là qu’intervient l’art de la dentelle électorale. Les listes d’extrême gauche et d’extrême droite sont a priori relativement faciles à identifier. On notera cependant que Debout la France, le parti de Nicolas Dupont-Aignan, est désormais identifié « extrême droite » alors qu’en 2014 son précurseur, Debout la République, était classé « droite ».
Dans les listes « divers », vaste bric-à-brac, seront regroupées, entre autres, aussi bien les listes dites « inclassables » que l’Union populaire républicaine, le Parti animaliste ou le Parti Pirate, les régionalistes, les listes écologistes hors Europe Ecologie-Les Verts et, nouveauté, les listes « gilets jaunes ».
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