Un braquage avorté, une fuite sur l'autoroute et la mort de la policière municipale Aurélie Fouquet en mai 2010: la cour d'assises de Paris rejuge à partir de mardi huit hommes, dont «le caïd médiatique» Redoine Faïd.
« La chape de plomb »
Le meurtre de cette fonctionnaire de 26 ans et l'extrême violence des malfaiteurs, qui ont aussi blessé par balles un autre policier et des automobilistes dans leur course folle, avaient eu un grand retentissement.
Le président à l'époque, Nicolas Sarkozy, avait assisté aux obsèques d'Aurélie Fouquet et plusieurs milliers de policiers municipaux avaient défilé pour exprimer leur malaise et réclamer des équipements.
En avril 2016, à l'issue d'un procès fleuve, la cour d'assises avait condamné huit accusés à des peines allant de un à 30 ans de prison dont 18 ans pour Redoine Faïd, considéré comme «l'organisateur» et «le recruteur» de cette «opération de guerre». Ils risquaient la perpétuité.
Un neuvième homme été acquitté, conformément aux réquisitions de l'avocate générale.
Mais les sept semaines du procès n'avaient pas permis de faire toute la lumière sur les faits, faute d'éléments matériels. La mère d'Aurélie Fouquet avait dénoncé à l'AFP «la chape de plomb» pesant sur des accusés qui, à deux exceptions près, ont nié toute participation.
Le ministère public, qui avait réclamé des peines allant jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle, avait fait appel, comme six des accusés.
« Ca a merdé (...) j'ai tiré sur les condés »
Le projet d'attaque d'un fourgon blindé avait capoté le 20 mai au matin lorsque des policiers ont voulu contrôler une camionnette portant deux impacts suspects. Pris en chasse, le véhicule fonce alors sur l'autoroute A4 et ses occupants tirent sur les policiers qui les poursuivent et parviennent à les semer.
Arrivés à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), les malfaiteurs, cagoulés, gantés, vêtus de treillis sombres et équipés de gilets pare-balles, abandonnent leur véhicule qu'ils incendient et en braque un autre.
Deux policiers municipaux arrivent alors sur place et essuient une vingtaine de tirs: Thierry Moreau est blessé au thorax, Aurélie Fouquet à la tête. Cette mère d'un tout jeune enfant décèdera quelques heures plus tard. Les malfaiteurs braquent un troisième véhicule et s'enfuient.
En première instance, deux des accusés, Daouda Baba et Olivier Tracoulat, ont écopé de 20 et 30 ans de prison pour le meurtre de la policière. Jugé en son absence, Tracoulat, qui pourrait avoir été mortellement blessé dans la fusillade, a été chargé par un accusé affirmant qu'il lui aurait confié: «Ca a merdé (...) j'ai tiré sur les condés».
Un troisième homme, identifié par un témoin mais qui avait pris la fuite après les faits en Algérie, a été définitivement condamné en juillet 2016 à 20 ans de prison par la justice algérienne pour le meurtre d'Aurélie Fouquet. Il s'agit d'un des frères de Redoine Faïd, Fisal.
Lors du procès, Redoine Faïd, multirécidiviste des braquages, a été présenté comme «le dénominateur commun» des accusés, un groupe d'hommes aux casiers souvent surchargés. Mais l'accusé, qui a affirmé s'être rangé dans une autobiographie médiatisée, s'est dit à l'audience innocent «de A à Z».