Le climat social se durcit dans l'Hexagone. Nouvelles turbulences à Air France, grève massive et de longue durée dans le rail, mouvement chez les éboueurs et les employés du secteur de l'énergie, contestation chez les étudiants, la France se prépare à un «mardi noir». Faisons le point sur la situation:
• Chez Air France
Le conflit s'enlise chez Air France. Les personnels de la compagnie débrayent ce mardi 3 avril pour la quatrième fois en un peu plus d'un mois pour réclamer une augmentation générale des salaires de 6%. 75% des vols devraient toutefois être assurés, selon la direction. Dans le détail, 70% des vols long-courriers, 67% des vols moyen-courriers au départ et vers Paris-Charles de Gaulle et 85% des vols court-courriers seront assurés, a précisé Air France, qui recense 32,8% de grévistes parmi les pilotes, 20,5% parmi les personnels navigants commerciaux (PNC) et 14,5% parmi les personnels au sol.
Les salariés jugent insuffisante la politique salariale de l'entreprise, compte tenu des efforts passés des salariés et des bons résultats de la compagnie en 2017. La direction - qui a accordé une augmentation générale de 0,6% au 1er avril et de 0,4% au 1er octobre - affirme ne pas pouvoir offrir plus sans fragiliser sa croissance. Trois autres grèves sont également prévues les 7, 10 et 11 avril. Ce mouvement n'a pas de lien direct avec les réformes engagées par Emmanuel Macron.
• À la SNCF
La SNCF prévoit seulement 12% des TGV au niveau national ce mardi, 28% des transiliens, 13% des intercités et 30% des TER. Concernant les trains internationaux, 90% des Thalys circuleront, contre 75% des Eurostar. Il n'y aura en revanche aucun train vers l'Espagne, l'Italie ou la Suisse.
La grève à la SNCF s'annonce particulièrement longue. Les syndicats CGT, Unsa et CFDT appellent en effet à un mouvement par épisode de deux jours sur cinq jusqu'au 28 juin tandis que SUD-Rail appelle à une grève illimitée, reconductible par 24 heures. Voici le calendrier de la grève dans les transports:
• Dans le secteur des déchets
Les fédérations CGT des Transports et des Services publics lancent un appel commun à la grève dans l'ensemble de la filière déchets à partir de ce mardi, «du balayeur à la collecte, au centre de tri, à l'incinérateur». Les syndicats réclament la création d'un «service public national» des déchets avec un «statut unique public» pour les salariés de la filière.
Exigeant la «reconnaissance de la pénibilité» du travail dans ce secteur, ils demandent un départ anticipé à la retraite de cinq ans «à taux plein» pour tous et de 10 ans pour les métiers «exposés à l'insalubrité et la pénibilité» (ramassage des ordures, agents de tri), ainsi qu'une réduction du temps de travail. Cette grève illimitée devrait toucher notamment Paris et sa région, celle de Marseille, Montpellier, ainsi que l'Est et le Nord, selon la CGT.
• Dans le secteur de l'énergie
La FNME-CGT, première organisation syndicale dans l'énergie, appelle à partir de ce mardi les électriciens et les gaziers à un mouvement de protestation qui pourrait s'étendre jusqu'au 28 juin, calquant ainsi son calendrier sur celui des cheminots.
Elle réclame notamment «l'organisation d'un nouveau service public de l'électricité et du gaz qui réponde à l'intérêt général». Le syndicat veut aussi un «bilan de la déréglementation du secteur de l'énergie», «la fin de la libéralisation du marché de l'électricité et du gaz» et «un statut de l'énergéticien pour l'ensemble des salariés» de ce secteur.
• Dans les universités
Enfin, une fronde étudiante contre la loi modifiant l'accès à l'université (loi ORE, Orientation et réussite des étudiants), accusée d'instaurer un système de sélection, s'est également emparée de plusieurs universités, notamment à Toulouse, Bordeaux, Paris, Rouen, tandis que les examens approchent. Elle a pris de l'ampleur après les incidents survenus à Montpellier pour lesquels le doyen et un professeur de la faculté de droit sont mis en examen.
Lire la suite : Pilotes, cheminots, éboueurs... : le point sur les grèves de mardi - Le Figaro