Il devait rencontrer Emmanuel Macron vendredi pour mettre à plat leurs désaccords, mais il n'aura pas attendu : Pierre de Villiers, le chef d'état-major des armées, a annoncé sa démission mercredi matin dans un communiqué transmis à l'AFP. Le militaire a signifié sa décision au chef de l'Etat - qui l'a acceptée - lors du conseil restreint de Défense qui se tenait à 9 heures à l'Elysée. Le général de Villiers explique dans son communiqué qu'il considère "ne plus être en mesure d'assurer la pérennité du modèle d'armée auquel [il] croit pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd'hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays" et avoir "pris ses responsabilités".
Une première historique
L'épisode clôt un bras de fer de plusieurs jours entre le chef d'état-major et le Président. Mercredi dernier, dans un contexte de restrictions budgétaires à tous les niveaux de l'Etat, le général a critiqué devant les députés l'annulation pour 2017 de près de 850 millions d'euros de crédits liés au budget de la Défense. Emmanuel Macron l'a vivement recadré le lendemain, à la veille du défilé militaire du 14-Juillet. "Je suis votre chef", a-t-il lancé devant les militaires qui participaient aux événements de la Fête nationale.
"Si quelque chose m'oppose au chef d'état-major, le chef d'état-major change", a ensuite déclaré le chef de l'Etat dans le JDD. Pierre de Villiers devait donc accepter les choix de l'exécutif ou partir. C'est la seconde option qu'il a choisie. C'est un événement histroique : c'est la première fois que le chef d'état-major des armées démissionne sous la Ve République. Avant lui, quatre chefs d'armées (en 1961, 1970, 1983 et en 2008) avaient démissionné mais leur supérieur hiérarchique était resté en poste.
Pour Emmanuel Macron, il va désormais falloir trouver un remplaçant compatible avec sa ligne politique parmi les hauts responsables militaires. Le successeur de Pierre de Villiers doit être nommé mercredi. En marge de ces relations avec l'armée, le chef de l'Etat va devoir aussi s'expliquer avec sa majorité à l'Assemblée. Plusieurs députés La République en marche, à commencer par le président de la commission de Défense Jean-Jacques Bridey, étaient montés au créneau ces derniers jours pour défendre la position de Pierre de Villiers.