La centrale syndicale, qui ne parvient pas à enrayer son déclin, tient son 52e congrès, de dimanche à vendredi, à Dijon.
C’est un syndicaliste affaibli, et qui ne s’en cache plus, qui sollicite un nouveau mandat de secrétaire général de la CGT. Seul candidat à sa succession, Philippe Martinez sera, selon toute vraisemblance, réélu confortablement à l’issue du 52e congrès confédéral, qui se tient du 12 au 17 mai à Dijon.
C’est tout le paradoxe d’une organisation qui n’arrive pas à enrayer son déclin. Isolée sur le plan national, elle pèse de moins en moins sur la scène sociale. Lesté par un bilan négatif, desservi par l’échec de sa stratégie et contesté par son aile gauche, qui ne le trouve pas encore assez radical, l’ancien métallo risque de passer de nouveau à côté des enjeux cruciaux d’une période marquée par une crise des « gilets jaunes » qui marginalise encore un peu plus le syndicalisme. Symbole parmi d’autres : l’exfiltration temporaire du numéro un de la confédération lors de la traditionnelle manifestation du 1er-Mai.
Elu en février 2015, confirmé un an après, M. Martinez décrit avec une franchise surprenante la situation de sa centrale : « La CGT a pris beaucoup de retard, prise entre son histoire, qui existe et qui est importante, et le fait que ceux qui subissent les changements du monde [du travail] ne sont pas forcément des travailleurs et des travailleuses historiquement dans le périmètre de la CGT », a-t-il reconnu, mardi 7 mai, devant l’Association des journalistes de l’information sociale.
Adaptation nécessaire
Pour lui, le changement doit être une priorité, « sinon on passe deuxième organisation syndicale, il y a des “gilets jaunes” qui se mobilisent et la CGT continue à exister, mais sur un périmètre qui se rétrécit de plus en plus ». Et, a-t-il souligné, « les “gilets jaunes” sont le reflet de tous les déserts syndicaux de la CGT : petites et moyennes entreprises, retraités, précaires, privés d’emploi et beaucoup de femmes ». « J’ai forcément une part de responsabilité dans le fait de ne plus impulser la nécessité de nos transformations internes », a concédé le dirigeant.
Plusieurs congrès ont mis en avant l’adaptation nécessaire des structures syndicales aux mutations des champs professionnels, en allant jusqu’à envisager la création de syndicats de sites. « Mais c’est resté de l’ordre du discours, analyse Sophie Béroud, chercheuse à l’université Lyon-II. Il y a une logique d’inertie en interne et Martinez n’a pas réussi à initier des changements forts. »
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