Dévoilé aujourd'hui à Monaco, le rapport des experts climat du Giec détaille le sinistre état de santé des océans et des zones glacées de la planète. Fonte des calottes glacières, hausse de la température de la mer, acidification, perte d'oxygène et montée des eaux... autant de conséquences pour les écosystèmes et l'Homme.
Le dernier spécial rapport du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) souligne l'urgence d'une action résolue, rapide, coordonnée et durable afin d'endiguer des changements durables et sans précédent de l'océan et de la cryosphère. Le rapport montre les bénéfices d'une adaptation ambitieuse et efficace au service du développement durable et, inversement, la croissance exponentielle des coûts et les risques d'une action tardive. L'objectif de ce rapport spécial sur l'océan et la cryosphère est de faire un état des lieux de la connaissance des processus physiques et des impacts du changement climatique sur les écosystèmes océaniques, côtiers, polaires et d'altitude. Il évalue aussi les conséquences sur les communautés humaines, comment les services rendus par ces milieux sont affectés, et les options d'adaptation à ces changements.
La richesse du rapport est de croiser l'expertise de plusieurs groupes de travail du Giec (bases physiques, impacts, adaptation...), pour en faire de véritables outils d'aide à la décision publique et privée. Le rapport montre comment l'apport des connaissances scientifiques aux savoirs locaux et autochtones facilite l'élaboration d'options appropriées de gestion des risques liés au changement climatique, ainsi que l'amélioration de la résilience des sociétés.
La cryosphère est au cœur des débats du réchauffement climatique. © Peteris Zalitis, Fotolia
L’océan et la cryosphère sont au cœur du climat
L'océan est au cœur du système climatique. La quantité de chaleur qu'il peut stocker est très élevée. Cette inertie de l'océan en fait un gardien des équilibres thermiques de la planète et une source majeure de variations lentes du climat, de la saison au millénaire. L'océan stocke également une très grande quantité de carbone - environ 38.000 gigatonnes (Gt), soit 16 fois plus que l'ensemble des plantes terrestres et des sols, et environ 60 fois plus que l'atmosphère.
La cryosphère se compose de glace et de neige sous différentes formes : la glace de mer (flottant sur l'océan et formée d'eau de mer gelée), les glaciers terrestres, les deux calottes glaciaires (Groenland et Antarctique), le pergélisol (du sol gelé en permanence), la neige saisonnière sur les continents, et les lacs et rivières gelés. La cryosphère fait partie du cycle de l'eau et du carbone et influence le climat de nombreuses façons.
Historique depuis les années 1950 et projections des changements des océans et de la cryosphère. © IPCC
L'océan et la cryosphère sont importants pour nous
La vie des humains, des animaux et de la biosphère est étroitement liée à l'océan et à la cryosphère. De nombreuses mégapoles du monde, dont Tokyo, Bangkok et New York, sont situées en bord de mer et, en 2010, environ 30 % des humains vivait à moins de 100 kilomètres de l'océan. Environ 10 % des habitants de la planète habite en haute montagne, tandis qu'environ 4 millions de personnes, dont des peuples autochtones, vivent autour de l'Arctique.
Aujourd'hui, sur les 40 milliards de tonnes de CO2 émises chaque année par l'activité humaine, moins de 50 % restent dans l'atmosphère. Le reste est absorbé en parts à peu près égales par la végétation terrestre et par l'océan. Sans ces deux « puits » de carbone, le réchauffement planétaire serait déjà bien supérieur à 1 °C (par rapport à l'ère préindustrielle). Grâce à son énorme capacité calorifique, l'océan absorbe plus de 90 % de la chaleur supplémentaire générée par le réchauffement climatique. Bien qu'ils soient bénéfiques à certains égards, ces deux services de régulation océaniques ont d'autres conséquences négatives, comme la montée du niveau des mers ou l'acidification de l'océan.
L'océan et la cryosphère fournissent également des ressources, notamment en nourriture, en eau et en énergie. La pêche constitue une source alimentaire essentielle, le poisson et les mollusques et crustacés représentant plus de 50 % des protéines animales consommées dans de nombreux pays en développement. L'appétit pour les ressources marines a triplé depuis les années 1970. L'océan et de la cryosphère fournissent des emplois dans la pêche et les loisirs, entretiennent des traditions, des cultures locales et des croyances religieuses concernant, par exemple, les glaciers de haute montagne. Et nombre d'entre nous sont personnellement attachés à ces milieux.
La biodiversité océanique est foisonnante, par exemple dans les écosystèmes des récifs coralliens. Les algues unicellulaires microscopiques appelées phytoplancton forment la base de la plupart des réseaux alimentaires marins et sont consommées par des animaux microscopiques appelés zooplancton. Au sommet de cette chaîne se trouvent des mammifères marins, comme les phoques et les requins. La diversité des espèces maintient les fonctions des écosystèmes, mais chaque écosystème a ses propres organismes clés en jeu. Pour les récifs coralliens, il s'agit, outre les coraux, des algues, des vers, des mollusques, des éponges, des oursins et des poissons.
Les évènements extrêmes du niveau de la mer. © IPCC
L’océan et la cryosphère changent en réponse au changement climatique
Les émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine renforcent l'effet de serre naturel de la planète et entraînent un réchauffement global, qui atteint aujourd'hui 1 °C. L'océan et la cryosphère changent rapidement sous l'effet de cette perturbation majeure.
La fonte des glaciers et des calottes glaciaires. À quelques exceptions près, les 200.000 glaciers présents sur la planète fondent et se rétrécissent. Au fur et à mesure que la température atmosphérique augmente, la surface des calottes glaciaires et des glaciers fond. Dans la plupart des cas, les calottes glaciaires et les glaciers réagissent lentement à la température. En conséquence ils continueront de fondre pendant des siècles, voire des millénaires, même après que la température globale ait cessé d'augmenter.
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