Le démantèlement de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) se poursuit méthodiquement. Les forces de l’ordre ont repris le terrain dès 6 heures, mardi 10 avril, pour expulser les occupants considérés comme illégaux. L’opération s’annonce plus massive que le plan annoncé, la veille, par le gouvernement. Et les autorités reconnaissent que la situation s’annonce « de plus en plus compliquée ». De nouveaux heurts ont éclaté à l’aube.
Un immense nuage de gaz lacrymogène recouvrait le bocage, la bataille se jouant devant l’emblématique ferme des Fosses noires, un des principaux lieux de vie de la ZAD. L’équipe médicale locale a été évacuée, et des centaines d’occupants faisaient face aux canons à eau. A 10 h, les zadistes faisaient état de six blessés dans leurs rangs.
Dès lundi, la première journée d’intervention des gendarmes mobiles dans la ZAD installée sur le site du projet abandonné d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a signifié, pour beaucoup d’habitants du bocage, la fin de tout espoir d’une solution négociée avec l’Etat.
On peut le penser, tant ce qui était encore une zone à défendre semble être devenue une zone à détruire. Lundi soir, le bilan dressé par les autorités faisait état de treize expulsions de sites hébergeant des occupants « illégaux », et de six démolitions de ces lieux de vie par des engins escortés par les forces de l’ordre. L’objectif réaffirmé par le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, est d’une quarantaine de sites sur la centaine qui ont été dénombrés dans le bocage, au sud du bourg de Notre-Dame-des-Landes. Le ministre de l’intérieur a indiqué, mardi, qu’il restait « une vingtaine » de squats à démanteler, et que l’opération pourrait durer« jusqu’à la fin de la semaine ».
Les zadistes, eux, recensent « neuf lieux de vie collectifs qui ont péri, avec leurs divers habitats particuliers brisés, leurs ateliers en miettes, leurs jardins piétinés : Planchettes, Planchouette, Lama fâché, Noue non plu, Youpiyoupi, Jessie James, Phare Ouest, Chèvrerie, 100 noms… »
Alors que les opérations ont démarré dans la nuit, à 3 heures du matin, lundi, pour dégager la route départementale 281 à nouveau encombrée de barricades, les gendarmes, escortés d’huissiers, ont procédé aux expulsions dans des sites pour la plupart vidés de leurs habitants vers 6 heures du matin, heure légale pour une telle procédure. S’en est suivi, toute la journée, un face à face tendu entre les quelque 2 000 gendarmes et plusieurs centaines de zadistes et leurs soutiens venus les renforcer. Tirs de grenades lacrymogènes contre projectiles en tous genres, insultes contre grenades assourdissantes, le bocage a vécu une journée d’affrontements sporadiques.
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