Nous ne nous en rendons pas forcément compte, mais nos cerveaux sont déjà massivement connectés à l'informatique. Au quotidien, il l'utilise d'ores et déjà comme supplément de stockage : combien de numéros de téléphone connaissez-vous encore par cœur ? Combien de fois par semaine chargez-vous une page Wikipédia pour retrouver le nom de ce réalisateur que vous avez sur le bout de la langue ? À quelle fréquence enregistrez-vous vos rendez-vous dans votre smartphone plutôt que de faire l'effort de les retenir ? Prenez mon cas : il y a deux minutes, je chargeais des informations fournies par Internet à mon ordinateur pour les stocker temporairement dans mon cerveau ; et en ce moment, je transmets mes pensées à un ordinateur, qui va les mettre en ligne pour les partager avec vous.
Mais il y a, dans ce schéma, un goulet d'étranglement : l'interface entre le cerveau et la machine est rudimentaire. Dans un sens, elle passe par la lecture, l'audition, plus rarement le toucher (retour d'effort dans les jeux, mais aussi ordinateurs traduisant en braille pour les aveugles) ; dans l'autre sens, elle consiste bien souvent en un clavier et un système de pointage. Ne nous leurrons pas : c'est lent.
Connecter directement le cerveau à la machine est donc un vieux rêve. L'implant cérébral est un grand classique de la science-fiction et, dès les années 80, Dan Simmons imaginait comment les gens ainsi connectés à l'Infosphère (pensez : "Internet") y stockaient et y recherchaient des informations en permanence ("cloud et Wiki"), notamment lorsqu'ils rencontraient un inconnu ("stalker sur Facebook"). Il décrivait même comment ils se sentaient brutalement perdus lorsqu'ils n'étaient plus en contact avec les marées rassurantes du Retz ("angoisse de la déconnexion").
Nous n'en sommes pas là, mais nous avons avancé sur la lecture de ce qui se passe dans le cerveau. Il est ainsi possible de reconnaître les motifs observés par quelqu'un ou de piloter des jeux ou des prothèses par la pensée. À l'inverse, provoquer des signaux électriques dans le cerveau peut améliorer les conditions de patients atteints de la maladie de Parkinson ou de certaines formes d'épilepsie ; cette stimulation cérébrale profonde est aujourd'hui bien maîtrisée.
Bientôt branché ?
Là-dedans, une absence de taille : la connexion. On sait lire et provoquer un signal électrique diffus, mais pas communiquer directement une information intelligible. C'est l'étape essentielle si l'ont veut réellement créer une interface cerveau-informatique, et c'est logiquement le sujet de diverses recherches médicales, notamment pour restaurer mobilité et sensation des amputés.
Une avancée notable a été réalisée il y a deux ans : un "grillage électronique" ultra-fin a pu être injecté dans des souris avec une simple seringue, leur réseau neuronal finissant par l'intégrer au point de permettre une surveillance du...
Lire la suite : Neuralink : Elon Musk ferait un pas vers le vrai cyborg