Vingt ans après, l’équipe de France est à nouveau championne du monde de football. La victoire des Bleus, en finale face à la Croatie (4-2), consacre une génération dorée qui a forgé son succès sur les cendres d’un Euro-2016 empreint de douleur.
Ils ont réussi là où, deux siècles plus tôt, Bonaparte avait échoué. Sur les lointaines terres de Russie, les Bleus ont conquis la planète, vingt ans après le triomphe de la génération 98. Comme leurs glorieux aînés, les Griezmann, Pogba, Mbappé pourront le crier haut et fort toute leur carrière : eux aussi, ils sont champions du monde.
Une aventure qui n’aura pas été de tout repos pour ces Bleus qui, à défaut de survoler les débats, ont toujours su se placer un cran au-dessus de leurs adversaires. Face à la Croatie, en finale de cette Coupe du monde 2018, la marge a encore été moins franche, surtout au terme d’un premier acte dont la France est miraculeusement sortie devant. Comme face à la Belgique en demie, les Français ont eu énormément de difficultés à se mettre en route, et c’est totalement contre le jeu qu’ils ont ouvert le score, lorsque Mandzukic a trompé de la tête son propre gardien sur un coup franc de Griezmann (1-0, 18e). Derrière, et alors que les Français semblaient s’être enfin mis au diapason, Perisic a puni l’apathie des Bleus derrière en remettant les compteurs à zéro d’une belle frappe croisée (1-1, 28e).
Mais cette France, même au bord de la rupture, reste insubmersible. Acculée comme jamais, à la rue défensivement, elle a été d’une précision chirurgicale sur chacune ou presque de ses occasions, pliant contre le cours du jeu une finale qu’elle n’a jamais vraiment maîtrisée. En fin de première période, c’est avec l’aide de la VAR que l’arbitre de la rencontre, M. Pitana, a sifflé un pénalty logique pour une main de Perisic. Une offrande que Griezmann s’est chargée de convertir (2-1, 38e).
Et au retour des vestiaires, après un quart d’heure étouffant, la machine s’est mise un temps en marche, pour la plus grande frustration des Croates. Pogba, tout d’abord, a fait le break d’une belle frappe enroulée (3-1, 59e) avant que Mbappé ne scelle définitivement le sort de cette Coupe du monde juste après l’heure de jeu (4-1, 65e). Même l’immense boulette d’Hugo Lloris, qui avait été jusque-là excellent durant ce Mondial, n’a pas pu gâcher la fête. Le gardien des Bleus a inexplicablement tardé à relancer un ballon et Mandzukic, qui arrivait lancé, a mis son pied en opposition pour la réduction du score (4-2, 69e). De quoi redonner un peu d’énergie aux Croates et faire mécaniquement redescendre le bloc défensif bleu trente mètres plus bas. Mais la Coupe du monde avait déjà choisi son camp depuis un petit moment.
Malédiction brisée
Derrière l’immense joie de tout un groupe, forcément, l’image de Didier Deschamps restera gravée. Le capitaine de France 98, qui brandissait le célèbre trophée voilà deux décennies, a aujourd’hui passé le témoin à la dernière levée. Tout un symbole pour celui qui avait tant connu de succès en tant que joueur, avant d’échouer si souvent aux portes de la gloire sur le banc de touche.
Malgré ses titres avec l’OM (L1 en 2010, Coupe de la Ligue 2010, 2011 et 2012) ou à Monaco (Coupe de la Ligue 2003), il était encore aussi l’homme des épopées malheureuses. En 2004, avec ses Monégasques, il avait échoué en finale de la prestigieuse Ligue des champions. Douze ans plus tard, c’est un Euro à domicile qu’il avait laissé filer, battu en finale par le Portugal. Des échecs aujourd’hui balayés. Comme tout un groupe, DD a changé de braquet.
Car plus que celle d’un homme, cette victoire est avant tout celle d’un style, d’un choix dont on ne vante les mérites qu’en cas de victoire finale. Là où le tiki-taka espagnol, le joga bonito brésilien ou la grinta argentine ont échoué, le pragmatisme de l’ancien milieu défensif a vaincu.
Sous sa houlette, Pogba a remisé sa nonchalance, Giroud a fait briller les copains – un comble pour un numéro 9 –, Griezmann et Mbappé ont avalé les kilomètres, Kanté et Matuidi ont ratissé large et la charnière centrale a enfin trouvé son rythme. Un petit miracle, au vu de ce que les Bleus avaient proposé les mois précédent l’événement.
Le triomphe d'une idéologie
Mais voilà, ce Mondial-2018 était celui du renouveau et la France a senti le coup. Peu inspirée lorsqu’elle était contrainte de pratiquer un jeu de possession, elle a accepté de laisser le ballon aussi souvent que possible à son adversaire pour mieux le piéger. Une décision longtemps perçue comme un manque d’ambition, mais qui a préservé les Bleus de ce péché d’orgueil qui aura fait tomber l’Allemagne et l’Espagne au tapis si tôt dans le tournoi.
"Si j’ai l’étoile, je m’en fous d’être un champion du monde ‘moche’", disait Griezmann au sortir d’un France - Belgique qui avait vu la flamboyance belge se fracasser sur la forteresse bleue. En répondant aux nombreuses critiques d’outre-Quiévrain, il avait forcément un souvenir en tête : deux ans plus tôt, le meilleur buteur de l’Euro-2016 n’avait que faire de cette distinction personnelle au terme d’une finale perdue, alors que le Portugal célébrait son premier titre majeur. Cristiano Ronaldo et ses coéquipiers n’avaient pourtant gagné qu’un seul de leurs sept matches dans le temps réglementaire.
La laideur est un concept mouvant. Le catenaccio italien des années 90, le tiki-taka de l’Espagne et du Barça… Tous ont été portés aux nues puis brisés sur l’autel d’un football aux idéologies sans cesse renouvelées. Et ce "gagner moche" qui fait tant hurler les amoureux du football depuis qu’il couronne les stratèges et non plus les artistes, n’a pas non plus vocation à perdurer. Ce qui restera, en revanche, c’est une deuxième étoile, finement brodée sur ce maillot bleu que les sélectionnés revêtissent lorsqu’ils foulent les pelouses au nom de la France. En somme, ce qu’il y a de plus important depuis que l’esprit de Coubertin n’a plus cours.
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