Dans un groupe Facebook fermé, des femmes du monde entier comparent leurs symptômes de ménopause et se soutiennent. C’est peut-être le début de quelque chose.
La femme a chaud : elle ouvre sa chemise et elle tient sa tête pour ne pas tomber par terre. La bouche entrouverte, elle se penche vers un ventilateur qui la soulage. Cette image, qui est une composition dégradante, est l’une des centaines que l’on trouve sur Google Images quand on tape « ménopause ».
Le reste n’est pas mieux : des tonnes d’articles génériques, regorgeant de conseils bidons, qu’on dirait écrit par des machines. Existe-t-il des lieux, en ligne, où la ménopause est prise au sérieux ?
Bienvenue dans « Ménopause Cafard »
J’ai 33 ans et je n’y connais rien. Je découvre, en traînant pour ce sujet sur des blogs américains que la ménopause est un « passage ». Un stade le précède (la péri-ménopause, qui peut durer dix ans) et un autre lui succède (post-ménopause, la fin des symptômes).
En français, il n’y a presque rien sur le sujet. En anglais, on trouve quelques blogs de bonne qualité (The Perimenopause Blog, Menopause Goddess). Sur Facebook, je découvre deux groupes importants :
- « Menopause », tenu par Jane Atherton, qui bosse dans les soins cosmétiques et entretient une communauté de clientes potentielles (17 000 personnes).
- Et, plus intéressant, « Menopause Misery », un groupe fermé sur lequel plus de 10 000 femmes se parlent quotidiennement.
« Menopause Misery », qu’on pourrait traduire par « Ménopause-Cafard », est un groupe interdit aux hommes. Il est composé, en grande partie, de femmes entre 45 et 70 ans. Des femmes trentenaires sont là aussi parce qu’elles ont fait une hystérectomie (retrait de l’utérus qui peut s’accompagner d’une ablation des ovaires). Voir défiler tous ces visages de femmes dans un âge fragile est émouvant.
En photo de profil, elles posent avec leurs enfants plus grands qu’elles ou elles font des selfies nature – pas la bonne lumière, pas le bon angle. Elles habitent dans le Nevada ou l’Indiana, dans le New South Wales (Australie), à Leeds (Angleterre) ou Derry en Irlande. Les Françaises sont rares, mais on en compte au moins cinq.
Ce qu’il se dit sur ce groupe très actif (à titre d’exemple, 71 messages le 1er mai) n’est pas gai, mais l’ambiance rend la lecture tolérable.
« Je me suis rasée une seule jambe »
Tous les symptômes de la ménopause sont évoqués : les femmes veulent savoir si ce dont elles souffrent est bien « menopause related » (lié à la ménopause) et s’il existe des soins.
Démangeaisons dans le cou, estomac qui gonfle comme une montgolfière, plaques d’eczéma, sensibilité des dents, sautes d’humeur, nuits en sueurs, mal aux jambes, tremblements à l’intérieur du corps, poils au menton, cerveau embrumé et trous de mémoire.
- « Je laisse l’équipage aller se reposer ou chercher des stocks puis je me demande où ils sont passés », raconte une hôtesse de l’air.
- « Je soupçonne tous les jours un début d’Alzheimer ».
- « Ce matin, je me suis rasée une seule jambe ».
Les manifestations dépressives sont bien illustrées :
« Le son de la voix de mon beau-fils de 9 ans m’agace à en pleurer. »
Et les symptômes les plus tabous sont évoqués : sang qui « sent la viande rouge », sueur du vagin et sous la poitrine, seins qui se remettent à produire du lait sous l’effet du traitement hormonal. Une membre témoigne :
« J’ai arrêté ma crème à la progestérone il y a six jours et aujourd’hui, toute la journée, j’ai eu l’impression d’avoir un téléphone en train de vibrer dans mon vagin. »
Plusieurs racontent qu’elles ne peuvent plus supporter la présence de leur mari dans la pièce ou dans leur lit, parce que le corps de l’autre génère trop de chaleur et d’agitation. Elles dorment sur le canapé...
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