POLITIQUE - L'étau se resserre autour de la présidente du Front national: Marine Le Pen a été mise en examen vendredi 30 juin pour "abus de confiance" et "complicité d'abus de confiance" dans l'enquête sur les assistants parlementaires d'eurodéputés frontistes.
Convoquée en début d'après-midi par les juges du pôle financier du TGI de Paris chargés de l'enquête, Marine Le Pen, 48 ans, a remis une déclaration et n'a pas répondu aux questions, comme la loi l'y autorise, a indiqué à l'AFP son avocat Rodolphe Bosselut.
"Mme Le Pen a contesté formellement les griefs reprochés et a fait connaître qu'elle saisirait dès lundi la chambre de l'instruction d'un recours contre sa mise en examen en considération de la violation du principe de la séparation des pouvoirs", a déclaré dans un communiqué Me Bosselut. Il compte demander une suspension de l'enquête.
La candidate malheureuse à la présidentielle, élue eurodéputée en 2004, a été mise en examen pour abus de confiance "en sa qualité de députée européenne de 2009 à 2016" pour avoir utilisé des fonds européens afin de verser des salaires à sa cheffe de cabinet au FN Catherine Griset et à son garde du corps Thierry Légier, a détaillé une source judiciaire.
La nouvelle députée du Pas-de-Calais, qui a donc de fait perdu son siège européen, a également été mise en examen pour "complicité d'abus de confiance" de 2014 à 2016 en sa qualité de présidente du parti d'extrême droite, a ajouté cette source.
5 millions d'euros de préjudice
Jusqu'ici, la patronne du FN avait refusé de rencontrer les juges: elle avait mis en avant son immunité d'eurodéputée pour rejeter une première convocation le 10 mars, puis indiqué qu'elle répondrait favorablement à leur demande après les élections présidentielle et législatives. La semaine dernière, son compagnon Louis Aliot, également visé par l'enquête, a refusé de se rendre à une convocation de l'office anticorruption à Nanterre.
Les magistrats cherchent à déterminer si le parti frontiste a mis en place un système généralisé pour rémunérer ses permanents avec des crédits européens, en les faisant salarier comme assistants de ses eurodéputés mais sans que leur travail ait un lien avec les activités du Parlement européen.