Institué en 2008, le Défenseur des droits garantit, comme son nom l'indique, que les droits de l'homme ne sont pas bafoués sur le territoire français. Cette autorité administrative indépendante, forgée sur le modèle de l'ombudsman allemand, dispose de prérogatives étendues pour promouvoir les droits de l'enfant, lutter contre les discriminations mais aussi garantir que les services de sécurité n'abusent pas de leurs pouvoirs. Son titulaire, nommé en juillet 2014 par François Hollande pour un mandat de six ans, est actuellement Jacques Toubon.
Le lundi 12 juin dernier, alerté par de nombreuses associations de terrain, l'ancien garde des Sceaux du gouvernement Juppé (1995-1997) a demandé à ses services de se rendre à Calais pour examiner la situation des migrants. À cette occasion, ses agents se sont longuement entretenus avec de nombreux exilés mais aussi avec des bénévoles leur venant en aide. Le compte rendu de cette visite a été publié sur le site de l'autorité mercredi 14 juin. Il est sans appel. Jacques Toubon a émis, dans la foulée, un communiqué sévère sur la manière dont les autorités locales se comportent sur place. « Le Défenseur des droits demande dès à présent que soit mis un terme aux atteintes aux droits fondamentaux les plus élémentaires dont sont victimes les exilés, notamment les mineurs, et qui demeurent à ce jour sans précédent », déclare-t-il.
Une situation intolérable !
Qualifiant les faits constatés d'« atteintes aux droits fondamentaux d'une exceptionnelle et inédite gravité », le Défenseur des droits a publié sur son compte Twitter, une partie de la journée, des extraits de son rapport où pointe son exaspération. Il y exprime sa volonté de voir les autorités se saisir d'urgence de ce dossier.
Entre 500 et 600 personnes, dont de très nombreux mineurs, dorment dans des « campements sauvages » insalubres à même le sol, quelles que soient les conditions climatiques, parfois avec un sac de couchage donné par les associations. « Ils disent être traqués jour et nuit dans plusieurs sous-bois de la ville. Les migrants ne peuvent dès lors plus dormir, ni même se poser ou se reposer, et restent constamment sur le qui-vive. Ils sont visiblement dans un état d'épuisement physique et mental. Tous les points d'eau ayant été supprimés, les migrants ne peuvent pas se laver ni même boire. Se laver et boire de l'eau est leur principale demande », explique le Défenseur des droits.
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