Il y a quatre ans, sa femme et deux de ses enfants, Hadrien et Ambre, disparaissaient à bord d'un avion de la Malaysia Airlines, quelque part dans l'océan Indien. L'appareil devait relier Kuala Lumpur (Malaisie) à Pékin. Depuis, Ghyslain Wattrelos se bat pour comprendre ce qui est arrivé à ce Boeing 777 et ses 239 passagers. Plusieurs débris ont bien été retrouvés, mais les circonstances du drame n'ont jamais été clairement établies. Entre colère et douleur vive, cet ingénieur raconte, dans un livre*, son quotidien depuis ce 8 mars 2014, où tout a basculé.
LE FIGARO. - Depuis quatre ans, quel regard portez-vous sur les recherches faites?
GHYSLAIN WATTRELOS. - Quand on comprend que les recherches ne se font pas dans le bon périmètre, dans un premier temps, on se dit que ce sont des bras cassés. Mais au fur et à mesure, on se dit que ça ne peut pas seulement être des bras cassés, que ce n'est pas seulement de l'incompétence, qu'il y a autre chose. La version officielle fait état de quatre changements de cap inexpliqués dans la trajectoire finale supposée de l'avion. Mais ils ne nous fournissent pas la preuve de ce qu'ils avancent.
Pourquoi doutez-vous de cette version officielle?
La version officielle n'apporte aucune réponse. Même dans l'hypothèse d'un détournement, et que l'avion aurait volontairement coupé tout moyen de communication, il n'y a que les contrôleurs civils qui ne détectent plus l'appareil. Les radars militaires sont en revanche prévus pour ça. Sept pays auraient dû capter l'avion sur leurs radars, comme l'Australie, sans compter les États-Unis et la Chine qui surveillent la zone. Donc arrêtons de dire n'importe quoi. Une partie de ces militaires savent un morceau des faits. Il n'y a pas que deux personnes au courant, il y a des tas de gens qui ont un petit bout de l'histoire. Ces personnes-là, aujourd'hui, elles ne peuvent pas s'exprimer. Parce que cette histoire est sombre, inavouable. Mais les gouvernements et les rapports géopolitiques changent...
Estimez-vous que la justice française, en particulier la juge Carole Ramet, travaille efficacement sur le dossier?
Les juges français, j'ai confiance en eux. Pour moi, c'est la seule enquête indépendante qui existe au monde. Le problème est qu'ils n'obtiennent aucune information, pas même de notre propre pays. Le Bureau d'Enquêtes et d'Analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA) n'a pas donné son rapport. La DGSE doit aussi avoir des éléments. Et puis, la France n'a jamais fourni les photos satellites de haute qualité qu'elle a en sa possession.
Quels autres pays ne coopèrent pas aux recherches selon vous?
Le Royaume-Uni et les États-Unis. Le premier, avec la société d'aéronautique Rolls-Royce et Inmarsat [NDLR: société de télécommunication satellite] qui ne donne pas les sources de ses données brutes apportées à l'enquête. Le second avec Boeing, qui ne divulgue aucune information. Sans oublier le FBI, qui a récupéré le simulateur de vol du pilote et ne l'a jamais fourni. Depuis le début, le plus important est de récupérer ces données. Peut-être qu'à ce moment, je commencerai à croire la version officielle. Pour le moment j'en doute vraiment.
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